Alors que la montée des eaux menace Java, l’Indonésie a créé Nusantara, sa nouvelle capitale, inaugurée samedi. Associations et population alertent sur les risques environnementaux liés aux travaux de construction, toujours en cours, et sur les difficultés qui persistent à Jakarta.
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Java, c’est fini. En Indonésie, la capitale Jakarta et ses 12 millions d’habitants suffoquent à cause du trafic et de la pollution. La ville est également menacée par la montée des eaux. Il y a quelques années, le président sortant Joko Widodo a décidé de construire une nouvelle capitale sur l’île voisine de Bornéo. Elle s’appelle Nusantara, sa construction a commencé il y a deux ans et même si le chantier est loin d’être terminé, la cérémonie d’inauguration a lieu le samedi 17 août, jour de l’indépendance de l’Indonésie.
Avec 4 600 lames de cuivre symbolisant des ailes, le nouveau palais présidentiel représente l’homme-oiseau Garuda, une figure de la mythologie hindoue. Autour des bâtiments flambant neufs, un tramway, un viaduc et des jardins dessinent les contours d’une ville aux allures futuristes. Pourtant, le chantier est loin d’être terminé. Un retard assumé par le président sortant de l’Indonésie, Jacquot Widodo : « Nous voulons montrer que nous avons la capacité de construire notre capital selon nos propres plans, nos propres souhaits. Mais cela prend beaucoup de temps. » Plus précisément, cette inauguration est censée marquer la fin de la première des cinq étapes de la construction de la ville, qui devrait accueillir deux millions de personnes d’ici 2054.
Les autorités indonésiennes nous assurent que Nusantara est construit dans le respect de la faune et de la flore locales. Danis Sumadilaga est à la tête du groupe de travail sur les infrastructures de Nusantara : « La préservation de l’environnement est la clé de voûte d’une ville forestière. Nous avons donc développé la ville en nous basant sur son tracé topographique d’origine, sans y apporter de modifications majeures. Nous avons construit l’étang à cet endroit parce que la zone était naturellement un plan d’eau. »
Ces arguments sont inacceptables pour la population locale, mais aussi pour les ONG. Des arbres fruitiers ont déjà été détruits, d’autant que la zone abrite une importante population d’orangs-outans. Ce n’est pas la seule raison qui fait bondir les ONG. Zenzi Suhadi, le directeur de Walhila plus ancienne ONG du pays, a répondu au micro de France Culture Juliette Pietraszewski en mai dernier : « L’actuelle capitale Jakarta connaît déjà de graves problèmes environnementaux. »
« Il n’est pas normal que le gouvernement laisse le peuple avec ce problème de surpopulation et déplace la capitale à Kalimantan. »
Zenzi Suhadi, directeur de l’ONG Walhifranceinfo
Kalimantan, qui désigne la partie indonésienne de l’île de Bornéo, où se trouve Nusantara. La cérémonie d’inauguration aura lieu le samedi 17 août, mais le décret officiel transférant le statut de capitale pourrait avoir lieu après l’arrivée au pouvoir du président élu Prabowo Subianto en octobre.