Samedi 1er juin 2024 ▪
8
lecture min ▪ par
New Delhi a rapatrié son or d’Angleterre, signe qu’un nouvel ordre monétaire international est en train de se mettre en place. Bitcoin en embuscade.
L’Inde récupère son or
La banque centrale indienne (RBI) vient de transférer 100 tonnes d’or de son ancien colonisateur. Le dernier transfert d’or de cette ampleur s’est produit dans la direction opposée, en 1991.
L’Inde souhaite officiellement économiser sur les frais de stockage actuellement payés à la Banque d’Angleterre. Officieusement, les tensions géopolitiques s’aggravent.
Cette frénésie d’or ne se limite pas à l’Inde. Les achats d’or par les banques centrales ont récemment atteint des sommets historiques.
Selon le World Gold Council, la Chine mettra la main sur 225 tonnes d’or en 2023, soit environ un quart des 1 037 tonnes achetées par l’ensemble des banques centrales. Voici les plus grands détenteurs d’or :
États-Unis : 8 133 tonnes ; Allemagne : 3 352 tonnes ; Italie : 2 451 tonnes ; France : 2 436 tonnes ; Russie : 2 332 tonnes ; Chine : 2 262 tonnes ; Suisse : 1 040 tonnes ; Japon : 845 tonnes ; Inde : 822 tonnes ; Pays-Bas : 612 tonnes ; Turquie : 570 tonnes ; Taïwan : 423 tonnes ; Portugal : 382 tonnes, etc.
Les banques centrales détiennent 17 % de tout l’or mondial (36 700 tonnes). Ils sont redevenus acheteurs nets depuis 2010, en réaction au QE de la Fed.
La RBI a recommencé à accumuler de l’or depuis décembre 2017. L’or représente près de 10 % de ses réserves totales de change. C’est moins que la moyenne mondiale que JP Morgan estime à près de 20 %.
Étalon-or
La BRI affirme vouloir diversifier ses réserves, se protéger contre l’inflation et atténuer les risques de change. Sage décision quand on voit ce qui est arrivé aux 250 milliards d’euros et de dollars de réserves de change russes…
Cela dit, ce n’est un secret pour personne que les BRICS ont l’ambition de dédollariser leurs échanges commerciaux. Tout pays souhaitant rejoindre le club doit présenter ses références. Le candidat thaïlandais a par exemple récemment signé un accord pour abandonner le dollar dans ses échanges commerciaux avec la Chine. Le Nigeria et l’Inde avaient fait de même une semaine plus tôt.
L’objectif ultime est de priver les États-Unis de leurs privilèges exorbitants. Cette dernière est due au fait que le dollar est la monnaie internationale par excellence. Ce privilège a été scellé par la Seconde Guerre mondiale (accords Bretton Woods/Gold Standard) puis par le pétrodollar.
La fin de l’étalon-or en 1971 aurait pu creuser la tombe du dollar. Mais Washington a réussi à maintenir son hégémonie monétaire en obligeant les pays de l’OPEP à vendre leur pétrole en dollars. C’est le fameux « système pétrodollar ».
Ce système a rapporté « 10 000 milliards de dollars sont tombés du ciel » selon Vladimir Poutine. La raison en est que les banques centrales accumulent des réserves de dollars sous forme de bons du Trésor (dette américaine). Il en résulte une force artificielle du dollar qui permet aux États-Unis d’importer bien plus qu’ils n’exportent. C’est le « privilège exorbitant ».
Pas pour longtemps. La Chine a abandonné pour 50 milliards de dollars supplémentaires de bons du Trésor au premier trimestre. L’Arabie Saoudite n’est pas en reste. Son fonds souverain vient de réduire son portefeuille d’actions américaines de 41 %.
Le crépuscule du dollar
La FED de New York a récemment tenté de rassurer sur son blog. Elle souligne que la majorité des réserves de change mondiales sont encore constituées de dollars. On peut lire que la baisse de la part du dollar dans les réserves de change mondiales ne serait que le résultat d’un « petit groupe de pays (Chine, Russie, Inde, Turquie en tête) ».
Sauf que ce « petit » groupe représente près de 40 % de la population mondiale… Et pas des moindres. En 1995, le PIB du Japon était 15 fois supérieur à celui de l’Inde. Les deux pays sont désormais au coude à coude. Et ne parlons pas de la trentaine de pays qui souhaitent rejoindre les BRICS.
Le dollar ne représente probablement que 54 % des réserves mondiales de change (l’équivalent de 12 332 milliards de dollars selon le FMI). C’était plus de 80 % à l’époque du Gold Standard.
Pour le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar, « La domination américaine, qui a commencé après la fin de la guerre froide, a pris fin. »
L’ancien ministre des Affaires étrangères de Singapour, George Yeo, n’a rien dit d’autre sur ce privilège exorbitant : « Vous pouvez imprimer des dollars, mais un jour vous ne pourrez plus le faire et vous devrez choisir entre produire des armes ou produire du beurre. L’événement clé sera l’effondrement de la primauté du dollar. Et nous savons tous que cela arrivera, car c’est une situation anormale. »
Même les Américains sont confrontés à la réalité. L’ancien membre du Congrès et candidat à la présidentielle américaine, Ron Paul, estime que « Le dollar sera rejeté comme monnaie de réserve internationale lors de la prochaine crise économique ».
Power Rangers
Arrêter de financer la dette américaine aura un fort impact sur le niveau de vie des Américains. La baisse du dollar entraînera une inflation pour tous les produits importés.
Mais la question est de savoir par quoi les BRICS ont l’intention de remplacer le dollar ? C’est une chose de garder de l’or en réserve, c’en est une autre d’effectuer des paiements internationaux. Les États-Unis ont déjà menacé la Chine d’une « déconnexion du dollar » (du réseau SWIFT).
L’or ne peut évidemment pas huiler le commerce international. On entend souvent parler d’une monnaie constituée d’un panier de devises circulant via un réseau de CBDC. Comme le dit Saifedean Ammous : « Ça ne marche pas comme ça, nous ne sommes pas dans les Power Rangers. »
Les États-Unis devront également accepter cette monnaie. Il y a cependant fort à parier qu’ils préféreront réduire leurs importations en provenance de Chine. Nous serions confrontés à une fragmentation des systèmes de paiement allant de pair avec la démondialisation.
L’Occident n’acceptera probablement que de jouer sur un pied d’égalité. Cela nécessitera une monnaie qui fasse à la fois office de monnaie de réserve ET en même temps de système de paiement dont personne ne pourra être exclu.
Nous parlons du Bitcoin, la seule monnaie qui existe en quantité absolument finie et dont les transactions ne peuvent être censurées tant qu’il y aura des mineurs dispersés aux quatre coins du monde.
C’est le Bitcoin que les BRICS doivent adopter lors de la prochaine crise économique majeure. L’investisseur légendaire Peter Brandt prédit que le prix du Bitcoin augmentera de 340 % par rapport à l’or d’ici 18 mois…
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme « Lire pour gagner » ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous maintenant et commencez à bénéficier d’avantages.
Cliquez ici pour rejoindre « Lire pour gagner » et transformez votre passion pour la cryptographie en récompenses !
Reportage sur Bitcoin, « la déesse de la sagesse, se nourrissant du feu de la vérité, devenant de plus en plus intelligente, plus rapide et plus forte de manière exponentielle derrière un mur d’énergie cryptée ».
CLAUSE DE NON-RESPONSABILITÉ
Les commentaires et opinions exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur seul et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Faites vos propres recherches avant de prendre des décisions d’investissement.