L’Inde et la Russie ne commercent plus en dollars
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Le Premier ministre indien s’est rendu en Russie pour tenter de convaincre Vladimir Poutine d’accepter à nouveau la roupie comme moyen de paiement.
Roupie et déficit commercial
Alors que Viktor Orban parcourait les capitales avec un rameau d’olivier à la main, le Premier ministre indien était à Moscou pour apporter sa contribution.
Le 22e sommet annuel Russie-Inde a célébré le 77e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques indo-russes. Les embrassades et les grands sourires étaient à l’ordre du jour. Narendra Modi a même été décoré de l’Ordre de Saint-André par son homologue.
On retiendra aussi cette petite phrase de Modi à propos de Vladimir Poutine : « Mon ami est un homme très courageux »Est-il nécessaire d’en dire davantage pour comprendre dans quel camp se trouve New Delhi ?
M. Modi a déclaré que le soutien de la Russie avait aidé l’Inde à protéger ses citoyens de l’inflation causée par la flambée des prix de l’énergie. La Russie est essentielle à la sécurité alimentaire (engrais) et énergétique de l’Inde.
Les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de 66 % l’année dernière et de 20 % supplémentaires au cours des quatre premiers mois de l’année. Les deux pays souhaitent atteindre un volume d’échanges de 100 milliards de dollars par an d’ici 2030.
Près de 60 % des transactions se font déjà en monnaie nationale. Cependant, le déséquilibre commercial en faveur de la Russie est problématique. Les exportations russes s’élèvent à environ 60 milliards de dollars, tandis que les importations ne valent que 4 milliards de dollars…
Depuis l’année dernière, la Russie est devenue son principal fournisseur de pétrole, représentant entre 30 et 40 % de ses importations. Malheureusement, Moscou ne sait pas quoi faire des roupies indiennes. Les Russes ont même exigé que les importations soient payées en dirhams émiratis ou en yuans.
La rencontre des deux chefs d’Etat permettra-t-elle à l’Inde de reprendre ses achats en roupies ? C’est ce qui se murmure.
Dédollarisation
Le directeur général de la banque VTB, Andreï Kostin, présent lors des négociations, s’est exprimé sur les points litigieux. Interrogé sur la possibilité de déployer les systèmes de cartes de crédit RupAy et MIR en Inde et en Russie, le banquier s’est montré franc :
« Bien sûr, il y a des problèmes concernant les sanctions, la convertibilité incomplète de la roupie, l’étendue des relations commerciales et économiques et la balance commerciale. Mais dans l’ensemble, je dois dire que la partie indienne fait preuve d’une attitude constructive. (…)
Les problèmes qui posaient problème auparavant sont en train d’être résolus d’une manière ou d’une autre. Cependant, les sanctions agressives de l’Occident persistent. Nous avons dit à nos collègues indiens que nous devons adopter une vision plus large. Nous devons développer notre propre système de transactions internationales qui permettrait aux pays du Sud d’effectuer des transactions dans nos propres monnaies nationales.
Le prochain sommet des BRIC sera crucial. L’Inde a un rôle clé à jouer pour devenir indépendante du dollar ou de l’euro. C’est tout à fait possible, mais cela ne se fera probablement pas du jour au lendemain. Nous discutons bien sûr de ces questions en permanence.
La question du déséquilibre de la balance commerciale reste épineuse. D’où cette réunion au sommet pour tenter d’arrondir les angles. La Russie demande notamment de pouvoir investir ses réserves de roupies dans des projets indiens de haute technologie.
Autre demande russe : l’utilisation par l’Inde du corridor de transport international Nord-Sud (INSTC) et de la route maritime du Nord. Ce sont tous des projets qui complètent L’initiative chinoise de la Ceinture et de la Route (BRI).
L’INSTC est le projet phare qui permettra à l’Inde d’accroître ses exportations vers l’Eurasie et ainsi de réduire son déficit commercial. Ce corridor multimodal de 7 200 kilomètres passe par l’Iran. Il est la pierre angulaire de la réorientation géoéconomique de Moscou vers l’Asie-Pacifique maintenant que l’Europe a coupé les ponts, ou plutôt les tuyaux.
Les BRICS et le Bitcoin
Surprise, Vladimir Poutine vient d’annoncer sa volonté de créer un parlement commun :
Un tel parlement serait une institution internationale dont la voix porterait dans le concert des nations. Il pourrait même faciliter les sanctions contre l’Occident…
Le sommet des BRICS qui se tiendra à Kazan en octobre prochain promet d’être explosif. Et en parlant de sanctions, tout le monde se demande si un nouveau système de paiement international sera annoncé.
Nous savons que la Chine travaille sur le projet mBridge en collaboration avec la Banque des règlements internationaux. L’Arabie saoudite vient tout juste de rejoindre le projet.
Parallèlement, le président chinois s’est rendu au Kazakhstan. Xi Jinping a exprimé son soutien à l’adhésion du pays aux BRICS. En outre, les deux banques centrales ont convenu de coopérer dans le domaine des monnaies numériques de banque centrale (CBDC).
En octobre dernier, la Chine a signé un accord similaire avec les Émirats arabes unis avant de conclure immédiatement une transaction en yuan numérique pour payer les importations de pétrole.
Les Émirats arabes unis sont l’un des pays fondateurs de mBridge, une blockchain développée par la Chine. Les Émirats ont été les premiers à effectuer une transaction via mBridge. Ce versement de 50 millions de dirhams (13 millions de dollars) à la Chine a été effectué en janvier.
La Banque nationale du Kazakhstan ne participe pas à mBridge, mais en est un « membre observateur », tout comme 22 autres banques centrales, dont la Fed et la BCE.
Alors, est-ce la blockchain mBridge qui sera ce fameux système de paiement international qui battra le dollar et le réseau SWIFT ?
Il n’était pas nécessaire d’aller aussi loin. Bitcoin a fait ses preuves depuis plus de 15 ans. Une blockchain sans Proof-of-Work est vouée à la censure, tout comme le réseau SWIFT. Autre problème : les CBDC restent des monnaies fiduciaires qui perdent rapidement leur valeur.
Finalement, les monnaies nationales finissent par être rejetées en cas de déficit commercial trop important. Le monde a besoin d’un étalon universel. C’est ce que représente le bitcoin.
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