L’incursion ukrainienne en Russie fait grimper les prix du gaz européen – 08/08/2024 à 17:50
Les forces russes ont continué à faire face jeudi à une incursion majeure des troupes ukrainiennes sur leur territoire dans la région frontalière de Koursk.
(AFP / JOHANNA LEGUERRE)
Le gaz européen s’échangeait jeudi 8 août à son plus haut niveau de l’année, porté par le risque géopolitique et les craintes sur les approvisionnements en gaz de l’Europe suite à l’incursion ukrainienne en Russie.
Vers 15h10 GMT (17h10 à Paris), le contrat à terme néerlandais TTF, considéré comme la référence européenne pour le gaz naturel, grimpait de 4% à 40,005 euros par mégawattheure (MWh), le poussant à 40,475 euros, son prix le plus élevé depuis décembre.
Depuis mardi, le prix du gaz européen a bondi d’environ 9%.
« Les prix du gaz européen ont bondi (…) après l’annonce que les troupes ukrainiennes avaient saisi un point de transit de gaz à Sudja, une partie du dernier gazoduc restant qui transporte le gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine », ont expliqué les analystes de DNB. Ce gazoduc avait enregistré « des flux quotidiens d’environ 42 millions de mètres cubes » ces derniers mois, selon Ole Hansen, analyste de Saxo Bank.
Les forces russes ont continué à faire face jeudi à une incursion majeure des troupes ukrainiennes sur leur territoire dans la région frontalière de Koursk.
« Chantage au gaz »
L’armée ukrainienne a lancé mardi une offensive surprise transfrontalière dans la région russe, mobilisant jusqu’à 1.000 soldats et véhicules blindés, selon l’état-major russe. Selon plusieurs analystes, l’avancée ukrainienne se concentre autour de Soudja, une ville russe d’environ 5.500 habitants située à une dizaine de kilomètres de la frontière.
L’état d’urgence a été décrété mercredi dans la région russe de Koursk, à la frontière avec l’Ukraine, « qui abrite un point clé de livraison de gaz », a déclaré Al Munro, analyste de Marex.
Le transit de gaz russe via l’Ukraine est tombé à son plus bas niveau en juin,
soit 334 millions de mètres cubes par jour, a annoncé vendredi l’opérateur ukrainien du gazoduc OGTSOU, dénonçant le « chantage gazier » de Moscou.
Après le début de l’offensive russe en Ukraine, les pays européens ont souhaité réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes. Les perturbations ou les réductions des approvisionnements en gaz des autres fournisseurs européens ont tendance à entraîner une forte volatilité des prix.
« Toute perturbation majeure » d’ici la fin de l’année sur le gazoduc de Soudja accroîtrait « la nécessité de chercher d’autres sources d’approvisionnement, principalement sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr), d’où un prix plus élevé, l’Europe devant être concurrencée par des acheteurs d’Asie et d’Amérique du Sud », a expliqué M. Hansen.