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l’imposant conseil de chasse de Karim Khan, procureur de la CPI

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PORTRAIT – Depuis son élection à la Cour pénale internationale, cet avocat britannique a démontré sa volonté de défier les nations puissantes. Il vient de demander un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahu et des responsables du Hamas.

Avant le lundi 20 mai, Karim Khan n’était pas un inconnu. Mais en demandant des mandats d’arrêt contre plusieurs dirigeants du Hamas et contre des dirigeants israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le procureur de la Cour pénale internationale a attiré un nouvel éclairage. Cette décision lui vaut le soutien de plusieurs pays, dont la France, mais aussi les critiques des États-Unis et de l’Italie, qui jugent « inacceptable » mettre le Hamas et l’État juif sur le même plan. Le chef du gouvernement israélien a déclaré : «a rejeté avec dégoût la comparaison du procureur de La Haye« .

Cette demande représente un geste fort de la part de Karim Khan. « Personne n’est au-dessus des lois », a-t-il argumenté auprès de nos confrères de CNN. Élu président de la Haute Cour en février 2021, Karim Khan a depuis démontré sa volonté de lutter sans discrimination contre les puissants. En mars 2023, il a également émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine, l’accusant de crimes de guerre pour « expulsion illégale» de milliers d’enfants ukrainiens dans le contexte du conflit entre Moscou et Kiev. En échange, le ministère russe de l’Intérieur l’a placé sur sa liste de personnes recherchées.

Défense des dictateurs africains

Ancien élève du prestigieux King’s College de Londres, ce natif d’Édimbourg, en Écosse, a fait ses armes comme conseiller spécial au sein du parquet des deux tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, entre 1997 et 2000. Il doit cet attrait à droit international à son appartenance à la communauté musulmane Ahmadiyya, un mouvement réformiste persécuté dans l’Islam. Ce mouvement s’est installé au Royaume-Uni dans les années 1980, après avoir été expulsé du Pakistan en raison d’une loi interdisant à ses adeptes de se dire musulmans et limitant leurs pratiques religieuses.

Durant sa carrière d’avocat, Karim Khan n’a pas toujours pris le parti des victimes. Dans les années 2000, il a notamment défendu l’ancien dictateur libérien Charles Taylor, accusé par un tribunal spécial de l’ONU de meurtre, de viol et d’utilisation d’enfants soldats. Sans succès, puisque l’autocrate a été reconnu coupable et condamné à 50 ans de prison.

Durant les années 2010, Karim Khan était également l’avocat de Saïf al-Islam, le deuxième fils du dictateur libyen Mouammar Kadhafi. Condamné à mort par contumace en 2015, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, il a finalement été libéré en 2016 et s’est présenté à l’élection présidentielle libyenne de 2021, soutenu par la milice Wagner. Il ne sera pas élu. Autre dictateur défendu par Karim Khan : William Ruto, aujourd’hui président du Kenya. Il est accusé de crimes contre l’humanité, suite aux violences post-électorales de 2007, qui ont fait 1.200 morts. Khan a réussi à le faire acquitter, mais pas avant d’avoir été confronté à des allégations d’intimidation de témoins, après que l’un d’entre eux ait été retrouvé mort en 2014.

Enquête sur les talibans et l’Etat islamique

La défense de William Ruto a alors grandement profité à l’avocat britannique. Avant d’être élu président du CCI en février 2021, il ne figurait pas sur la liste des candidats. Son nom a été ajouté sur l’insistance du gouvernement kenyan, selon Le gardien . Khan y a été élu en obtenant 72 voix sur les 62 requises, devant les candidats irlandais, espagnols et italiens, avec un soutien notable du continent africain. Il devient alors le troisième procureur de la CPI depuis sa mise en place en 2002, pour un mandat de neuf ans.

Son premier fait d’armes fut de reprendre, en septembre 2021, l’enquête relative aux crimes commis par les talibans et l’État islamique au Khorasan en Afghanistan, qui avait été suspendue au printemps 2020, à la demande du gouvernement de Kaboul, qui puis s’efforçant de prouver que son système judiciaire était capable de poursuivre les auteurs de ces crimes. Karim Khan, en revanche, a décidé de« abandonner les priorités » enquêtes sur les crimes commis par les forces internationales, notamment américaines, en Afghanistan. Mais aussi de suspendre l’enquête sur les tortures dans les prisons secrètes de la CIA, installées au début des années 2000 en Pologne, en Roumanie et en Lituanie, où se trouvent des dizaines d’individus soupçonnés d’appartenir aux talibans ou à Al-Qaïda.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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