Une référence à son grand-père tirailleur algérien, lors de la passation de pouvoir avec son successeur au ministère de l’Intérieur, a valu à Gérald Darmanin de vives critiques d’une partie de l’opposition. Jordan Bardella déplore une « insulte à la France ».
Une nouvelle ère s’ouvre à Beauvau. Ce lundi 23 septembre a eu lieu la passation de pouvoir entre Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur démissionnaire depuis quelques semaines, et son successeur, l’ancien patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. Après quatre ans à la tête de la police de France, celui qui va retrouver les bancs de l’Assemblée nationale comme député de la 10e circonscription du Nord en a profité pour remercier tous les policiers, gendarmes et pompiers du pays. « Je pars en vous aimant, et j’emporte cet amour avec moi. Je pars en ayant souffert avec vous », a-t-il déclaré en milieu de matinée.
Si le Valenciennois a défendu son bilan, il a aussi reconnu avoir « commis des erreurs », assurant que « la sécurité des Français doit être encore renforcée, et les policiers et gendarmes mieux protégés ». Mais une déclaration de l’ancien ministre de l’Intérieur a particulièrement retenu l’attention, car elle le concerne intimement. A la fin de son discours, Gérald Darmanin a évoqué non sans émotion ses origines de « double petit-fils d’immigré », sous-entendant assez clairement les chances de chacun de réussir en France en fonction de ses origines : « Je m’appelle Gérald Moussa Jean Darmanin. Mon père, à la maternité de Valenciennes, a voulu écrire ‘Moussa Darmanin’, du nom de mon grand-père, un tirailleur algérien qui avait servi la France (…) Il est assez évident si l’on est honnête, que si je m’étais appelé Moussa Darmanin, je n’aurais pas été élu maire et député, et je n’aurais probablement pas été ministre de l’Intérieur en premier lieu (sic) », a-t-il déclaré.
Gérald Darmanin fait allusion, assez clairement, aux difficultés de promotion sociale des personnes issues de l’immigration, au sein de la société française. Cette phrase de l’ancien locataire de Beauvau n’a pas manqué de faire réagir certains élus de La France insoumise (LFI). Surpris, le député de la 1re circonscription du Vaucluse, Raphaël Arnault, a réagi sur X ce lundi en mettant en avant de possibles connexions entre Gérald Darmanin et l’extrême droite : « Ah non, je n’étais vraiment pas prêt. Après avoir servi de rampe de lancement au RN, c’est maintenant qu’il découvre qu’il y a du racisme en France ? S’est-il brouillé avec Emmanuel Macron ? On est en droit d’avoir des explications complémentaires ».
« Qui considère-t-il comme raciste ? », s’interroge Jordan Bardella
Dans les rangs de La France insoumise, l’élu du Vaucluse n’est pas le seul à avoir été outré par les propos de Gérald Darmanin. Ersilia Soudais, députée LFI de la 7e circonscription de Seine-et-Marne s’est également exprimée, toujours sur X : « Si vous vous étiez appelé Moussa, vous n’auriez peut-être pas soutenu le meurtre de Nahel », a-t-elle réagi, en référence à la mort du jeune Nahel Merzouk, 17 ans, tué à bout portant par un policier après avoir refusé d’obtempérer à Nanterre, le 27 juin 2023. Dans ce dossier, le policier qui a tiré sur le jeune garçon est mis en examen pour homicide volontaire.
Toujours sur le réseau social X, le président du Rassemblement national et député européen Jordan Bardella dénonce des propos insultants : «Il serait intéressant que Gérald Darmanin explique ses propos. Qui considère-t-il comme raciste : les habitants de Tourcoing, les membres de l’institution policière, les Français en général ? Cette déclaration est une insulte à la France, qui lui a tout donné et qui donne sa chance à tous ceux qui la respectent », a-t-il écrit.
GrP1