Le sud-ouest de la France est déjà le berceau de plusieurs projets d’avions électriques ou hybrides dont Aura Aéro (Toulouse), Elixir Aircraft (La Rochelle) et Voltaéro (Saintes). Et cet écosystème déjà très dense a de fortes chances d’accueillir un nouvel acteur dans les prochains mois avec la startup bavaroise Lilium, qui se positionne sur le créneau des VTOL, ces appareils à décollage et atterrissage verticaux. La société allemande annonce qu’elle « Nous évaluons actuellement plusieurs sites possibles en France afin d’étendre son empreinte industrielle, notamment ceux en Nouvelle Aquitaine – une région dotée de fortes compétences dans l’aéronautique et la production de batteries -, et les discussions devraient aboutir dans les semaines à venir ». Un investissement dévoilé à l’occasion du sommet Choose France, qui se tient lundi 13 mai à l’Elysée en présence de nombreux chefs d’entreprise étrangers. La présidence revendique cette année une récolte « record » avec 56 projets pour un total de 15 milliards d’euros.
850 créations d’emplois évoquées
Le gouvernement confirme des « discussions avancées » avec Lilium concernant « expansion future de son empreinte industriel avec des installations en France et des subventions et garanties de prêts associé (…) PPlusieurs régions sont considérées, dont la Nouvelle Aquitaine. » Lilium, de son côté, évoque pour cette usine destinée à approvisionner le marché mondial « un investissement total qui pourrait atteindre 400 millions d’euros sur plusieurs années et qui pourrait créer jusqu’à 850 nouveaux emplois directs. »
Créée en 2015 par d’anciens salariés d’Airbus et basée près de Munich en Allemagne, Lilium développe un avion à décollage et atterrissage vertical entièrement électrique dont le prototype a été dévoilé en 2019. Le premier exemplaire sera officiellement présenté fin mai à Ebace (Convention et exposition européenne sur l’aviation d’affaires), à l’aéroport de Genève, après avoir obtenu en novembre une première certification de l’Agence européenne de la sécurité aérienne. » Nous sommes le seul constructeur au monde à disposer d’une base de certification pour les avions eVTOL en Europe et aux États-Unis. », souligne l’entreprise allemande.
Pouvant transporter jusqu’à six personnes, ce petit avion électrique est destiné à être utilisé pour des vols privés, des vols de passagers, ou sans siège, pour du fret aérien. Lilium prévoit de relier les villes sur des distances comprises entre 40 et 200 km dès son lancement, « et jusqu’à 500 km à terme », à des vitesses allant jusqu’à 300 km/h. De quoi cibler le marché de l’aviation légère sur les routes régionales qui sera très probablement pionnier dans l’adoption de l’aviation électrique d’ici 2030-2035.
780 appareils déjà commandés
La startup, qui emploie plus de 950 personnes, a annoncé début mai le démarrage de la production en série de son avion électrique dans son usine de Wessling, en Bavière, pour une capacité d’une centaine d’exemplaires par an. Mais Lilium prépare une montée en puissance rapide avec 780 unités déjà commandées avec des commandes fermes et des protocoles d’accord avec des opérateurs aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Il a signé fin 2023 avec Lufthansa, premier groupe européen de transport aérien, » un partenariat stratégique sur l’exploitation d’avions électriques à décollage et atterrissage vertical en Europe « . Il s’agit notamment d’aborder » opérations au sol et en vol, maintenance, formation des équipages et des pilotes « .
Selon le classement du cabinet de conseil SMG, une trentaine d’entreprises se sont lancées dans la course à la construction de VTOL. Parmi les plus en vue, une autre société allemande, Volocopter, qui espère notamment tester ses taxis volants pour les Jeux olympiques de 2024. De son côté, Lilium, qui travaille avec de nombreux fournisseurs de premier rang, parmi lesquels des acteurs français de renom comme Saint-Gobain, Michelin, Expliseat ou Ratier-Figeac, prévoit son premier vol d’essai fin 2024. La mise en service commerciale est alors prévue. envisagé au plus tôt en 2026.
Une poignée d’investissements étrangers annoncés en Nouvelle-Aquitaine
Outre les ambitions de Lilium et celles du projet EMME de conversion du nickel et du cobalt pour le marché des batteries près de Bordeaux, un cluster d’investissements étrangers en Nouvelle-Aquitaine a été annoncé ce lundi. Le chimiste belge Solvay va débourser 100 millions d’euros pour reconvertir son usine de La Rochelle afin de lancer la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares, indispensables aux moteurs des voitures électriques. Le groupe indien Motherson va mobiliser 150 millions d’euros pour acquérir AD Industries, à Brive (Corrèze), pour investir dans le secteur aéronautique. Et d’autres investissements proviennent également d’Acciona Energia (énergies renouvelables, Espagne), Essity (hygiène et santé, Suède) et Iveco (bus électriques, Italie).