la liste rêvée de « Libé » – Libération
Après deux semaines denses de gros films malades, de désaccords à vif et d’enthousiasmes perturbateurs, les épaves du département de la Culture tentent d’organiser leurs déchaînements en un palmarès quasi œcuménique avec quelques catégories maison.
Palme d’Or
Tout ce que nous imaginons comme lumière par Payal Kapadia
Et la lumière brille. Première indienne sélectionnée en compétition, la cinéaste surprend avec son premier long métrage de fiction magnifique et généreux sur un trio de femmes dont les chemins se croisent et s’entrelacent. Lisez notre critique.
grand Prix
Anora par Sean Baker
Sean Baker transforme la démesure. Plein d’énergie et porté par le redoutable Mikey Madison, le film du cinéaste américain sur une jeune travailleuse du sexe qui tente de s’extirper de sa condition grâce à un mariage heureux et délices. Lisez notre critique.
Prix du Jury
Oiseau par Andrea Arnold
L’oiseau fait son génie. Trois fois lauréat du jury à Cannes, le cinéaste britannique signe un film émouvant et précis, au plus près des corps adolescents, et met les pieds dans le monde fantastique. Lisez notre critique.
Prix de la réalisation
Capturé par les marées par Jia Zhangke
Se précipite en fusion. Après six ans d’absence d’un long métrage, le Chinois revient avec un film réalisé à partir de morceaux et chutes de ses vieux films. Un film complet et formidable, mais plus simple et radical, pour raconter une histoire d’amour ratée. Lisez notre critique.
Palme d’honneur
Graines de figuier sauvage par Mohammad Rasoulof
Fable, vie, liberté. Métaphore de la situation de son pays, le film du cinéaste iranien aujourd’hui en exil suscite la paranoïa dans une famille au fil du mouvement de contestation et mêle la violence des images documentaires à la fiction. Lisez notre critique.
Prix de l’actrice féminine
Mikey Madison dans Anora par Sean Baker
Fou. L’actrice explose tous les compteurs du début à la fin du film, hallucinant à la fois dans l’espèce de bonheur sexy à vendre et à négocier au début, ainsi qu’à l’inverse de colère de ne pas tout perdre.
Prix de l’acteur masculin
Barry Keoghan dans Oiseau
Instinct suspendu. Habitué aux rôles de gamin bizarre, l’Irlandais au passé rude et au jeu instinctif incarne un père désordonné et aimant dans Oiseau par Andrea Arnold. Lisez notre portrait.
Prix du scénario
L’apprenti par Ali Abbasi
Le mentor de Trump au poker. Le cinéaste dano-iranien attise la concurrence avec le récit bien mené de la rencontre entre le futur président des Etats-Unis et le sulfureux avocat Roy Cohn, qui va lui apprendre toutes ses ficelles et faire de lui la créature qu’on connaît. Lisez notre critique.
Prix des jeunes révélations ouf
Mallory Wanecque et Malik Frikah dans Amour ouf de Gilles Lellouche
Passion magique. Elle dans le rôle de la lycéenne bruyante, fille d’un réparateur de télé, orpheline de mère, lui dans le rôle du fils du docker, rejeton turbulent d’une famille nombreuse et habitué dès son plus jeune âge aux ennuis, les deux les jeunes comédiens font de l’ombre aux stars Adèle Exarchopoulos et François Civil. Lisez notre critique.
Appareil photo doré
Vingt dieux de Louise Courvoisier
Tarif spécial Jura. Inspirée par le lieu et l’environnement de son enfance, la jeune cinéaste signe un premier film authentique et intelligent, relatant le milieu agricole, avec deux fabuleux comédiens non professionnels. Lisez notre critique.
Un certain Regard
Couler par Gints Zilbalodis
Aventures au pays des minets. Sans jamais recourir à la voix off ni à l’anthropomorphisme habituel, le long métrage d’animation du cinéaste letton, sur les animaux en exploration après une inondation, étonne par sa maîtrise et sa hauteur de vision. Lisez notre critique.
Palmier étrange
Bébé de Marcelo Caetano à égalité avec reines de théâtre par Alexis Langlois
Papa moi oui. Solaire et sensuel, le deuxième film du Brésilien Marcelo Caetano raconte la relation entre un jeune délinquant et l’homme mûr qui le prend sous son aile, entre exploitation et passion. Lire notre avis
Prodige du poing. Entouré d’un casting formidable, Alexis Langlois raconte depuis le futur l’histoire d’amour entre deux starlettes complètement opposées, et avec ce premier long métrage campagnard et musical, il apporte un véritable coup de jeune au cinéma français. Lisez notre critique.
Prix de l’empreinte carbone
grande tournée par Miguel Gomes
Des colons irritants. Sur les traces d’une femme abandonnée traquant son futur fonctionnaire à travers l’Asie au début du XXe siècle, l’épopée hybride du cinéaste portugais est un triste échec. Lisez notre critique.
Prix du Syndicat de la Croutique
Mégalopole par Francis Ford Coppola
Mais que fait « Mégalopole » ? Indétrônable et brumeux péplum rétrofuturiste, avec une vraie fascination dedans, le dernier film maousse de Francis Ford Coppola nous a laissé pantois. Lisez notre critique.
Le prix de la corruption
Parthénope de Paolo Sorrentino
Palace, votre univers impitoyable. Le cinéaste italien revient pour la septième fois en compétition avec une énorme machinerie sur la vie des riches et des puissants, à l’esthétique de la publicité et cofinancée par un grand créateur de mode, nous bourrant de l’idée que les nantis aussi ont une âme. Lisez notre critique.
La grande gerbe d’or
La substance de Coralie Fargeat
Rides ou meurs. Le réalisateur français s’éclate avec une comédie choc et gore sur le vieillissement du corps féminin, avec Demi Moore en star du grand retour, tentant de lui redonner sa jeunesse grâce à un sérum aux effets secondaires monstrueux. Lisez notre critique.