« L’idéal aurait été que tout le monde se taise », analyse le professeur de sciences politiques Denis Charbit
« Je le dis de manière un peu familière, mais c’est vrai, quand on négocie, on se tait, on ne fait pas de déclarations », défend Denis Charbit, jeudi sur franceinfo.
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Dans les négociations de trêve entre le Hamas et Israël, « l’idéal aurait été que tout le monde se taise », analyse Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Université libre d’Israël, invité jeudi 2 mai sur franceinfo. Le Hamas doit donner prochainement sa réponse à la proposition de trêve qui lui est faite, la troisième, depuis le 7 octobre. La première a abouti à la libération d’otages en novembre, mais la seconde a échoué. Les États-Unis exhortent le Hamas à accepter cette proposition d’accord, tandis que le Premier ministre israélien affirme vouloir mener une offensive terrestre à Rafah. « avec ou sans trêve ».
« La dimension la plus compliquée dans une négociation est sa dimension publique, c’est-à-dire ce que l’on dit publiquement pendant que l’on négocie, avance le professeur, qui estime que l’idéal aurait bien sûr été que tout le monde se taise. » « Je le dis d’une manière un peu familière, il concède, mais c’est vrai, quand nous négocions, nous nous taisons, nous ne faisons pas de déclarations et nous gardons un silence absolu sur ce qui se passe.»
La population israélienne « est restée figée »
Cette dimension publique rend les négociations « d’autant plus compliqué », car chaque participant aux négociations s’adresse à son opinion publique. Ces négociations « ne sont pas seulement entre le Hamas et le gouvernement israélien, mais aussi entre les familles israéliennes et le gouvernement israélien »avec des divergences sur la ligne à adopter. « Il y a une partie de l’opinion publique qui pense que, dans l’état actuel des choses, l’opération militaire n’a pas obtenu le résultat le plus significatif escompté, c’est-à-dire éliminer ou neutraliser le pouvoir politique et militaire du Hamas.il explique, mais il y a des familles pour qui cette question de raison d’État passe au second plan après le contrat social, c’est-à-dire la libération des proches. ».
Le professeur de sciences politiques vient de passer 12 semaines à Menton pour enseigner à Sciences Po et affirme « Un peu inquiet » de son retour en Israël. Selon lui, la population israélienne est « Il est resté figé, comme si les horloges s’étaient arrêtées le 7 octobre, sur la question des otages, avec une sorte d’obsession sur ce qui s’est passé et pourquoi l’armée n’a pas anticipé. » Pour Denis Charbit, le « l’étonnement n’est pas apaisé » après l’attentat perpétré par le Hamas, qui explique la difficulté d’avancer, y compris dans les négociations, et les manifestations pro-palestiniennes en France et aux Etats-Unis « Entretenir et nourrir cet étonnement, car on a l’impression qu’on n’a pas droit à l’empathie du monde et de l’opinion publique, et ça, c’est très difficile. »