Libéré de Russie, le Tatar de Crimée Nariman Djelyal raconte sa détention – Libération
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Le journaliste et activiste politique tatar de Crimée Nariman Djelyal est rentré en Ukraine après trois ans de détention en Russie, grâce au 53e échange de prisonniers entre Kiev et Moscou. Deux semaines après sa libération, il raconte à « Libération » ce qui l’a poussé à tenir le coup.
Nariman Djelyal a été arrêté en septembre 2021, accusé d’avoir commis un acte de sabotage en endommageant un gazoduc dans un village de Crimée. Un an plus tard, la Cour suprême de Crimée, contrôlée par la Russie depuis 2014, a condamné ce représentant des Tatars de Crimée à 17 ans de prison dans une colonie à régime strict. Certes, Djelyal n’a pas fait exploser le gazoduc, assure-t-il, mais l’affaire est politique.
Nariman Djelyal, un homme grand et souriant, portant des lunettes et une épaisse barbe grise, est un représentant du peuple autochtone de la péninsule. Les Tatars de Crimée sont des descendants de peuples des steppes à cheval, de peuples turcs et de descendants de Mongols, installés dans la région depuis le XIIIe siècle. Ils représentent encore aujourd’hui plus de 12 % de la population de la Crimée. Nariman, un militant politique et journaliste de 44 ans, est le vice-président du Mejlis, l’organe politique de la communauté de 33 membres, que la Russie a déclarée organisation extrémiste lors de l’annexion de la péninsule en 2014. Il a passé les trois dernières années derrière les barreaux, dans deux centres de détention en Crimée et une prison en Sibérie.
En Crimée au péril de sa vie et de sa liberté
Le 28 juin, Djelyal est rentré en Ukraine après le 53e échange de prisonniers entre Kiev et Moscou. Il a finalement retrouvé sa femme Leviza et leurs quatre enfants. Après la libération du prisonnier politique, sa famille a décidé de quitter sa Crimée natale. Djelyal était le seul des cinq membres de l’échange.