Face à la crise du logement, vaut-il mieux miser sur la maîtrise des loyers ou sur la libéralisation du marché locatif ? La France semble avoir opté pour la première voie puisque ce processus, qui n’était censé être qu’une « expérimentation » selon Emmanuel Macron peu après son élection, s’est ensuite progressivement étendu à de nouvelles grandes villes.
Ces cinq années d’encadrement des loyers «permis d’atténuer la hausse des loyers» du parc privé parisien de 64 euros par mois, souligne une récente étude menée par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) et par une équipe de recherche en sciences sociales du Cesaer, qui ont analysé les données de l’Observatoire des loyers de la métropole parisienne (Olap ) et le groupe SeLoger. De quoi permettre aux élus parisiens PCF de se féliciter de l’efficacité du dispositif même s’ils se montrent plus discrets lorsqu’il s’agit d’évaluer l’effet répulsif de l’encadrement sur les propriétaires, conduisant à une réduction de l’offre de logements et de sa qualité. «C’est totalement marginal» dans le comportement des propriétaires, estime Jacques Baudrier, député PCF chargé du logement, à la mairie de Paris.
Retour des propriétaires
Cependant, la crise du logement que connaît actuellement le pays se caractérise avec acuité par une très forte tension locative, avec une croissance de la demande et une baisse de l’offre. Cependant, l’Argentine, qui expérimente actuellement une série de réformes ultralibérales, semble plus efficace sur ce créneau de l’offre locative. Comme le souligne BFM Immo, en seulement un trimestre, le nombre d’appartements disponibles à la location à Buenos Aires est passé de 6 600 fin 2023 à 19 000 actuellement, selon les chiffres de la Chambre immobilière argentine. Cette association de professionnels du secteur a souligné que de nombreux propriétaires s’étaient détournés du marché avec la mise en place, en 2020, d’une loi encadrant les pratiques locatives.
Par ailleurs, la forte augmentation du nombre de logements proposés à la location ne s’est en aucun cas accompagnée d’une envolée des loyers. Dans le centre de la capitale, ils sont restés stables et ont même légèrement baissé dans le nord de la ville selon la Chambre immobilière argentine. Selon le portail immobilier local Zonaprop, les loyers augmentent désormais bien plus lentement que l’inflation. Alors que l’inflation était encore de 13,2% en février sur un mois (et de 276% sur un an), les loyers n’ont augmenté que de 2,9% pour ce même mois (après +18,6% en décembre et +21% en janvier).