Nouvelles

L’IA, déjà indispensable sur le champ de bataille

LLa référence est inattendue. « Dans Matrice (Film de science-fiction de 1999, NDLR), vous voyez Neo esquiver les balles en se contorsionnant parce qu’il a téléchargé le bon logiciel, puis vous avez Trinity sur le toit d’un immeuble en train de télécharger le logiciel pour apprendre à piloter un hélicoptère Bell 101. C’est le climax mais c’est un peu ce qu’on a en tête. » Qui parle? Général de division des Forces armées, l’amiral Pierre Vandier, dans un récent podcast du ministère des Armées consacré à l’intelligence artificielle (IA). En attendant de former dans le futur des soldats capables d’esquiver les balles comme Neo (Keanu Reeves), l’armée française, comme la plupart des armées des pays du G20, utilise depuis longtemps l’IA ou son ancêtre (la programmation logicielle). Notamment dans certains missiles. C’est le cas du missile antinavire Exocet fabriqué par MBDA. Son autodirecteur, cerveau du missile, est boosté depuis sa mise en service en 1974 par un « logiciel de décision » qui choisit sa cible, rappelle l’amiral Pierre Vandier.

Pour tenter de maintenir la supériorité opérationnelle de l’armée française, l’IA est l’une des technologies cruciales pour atteindre cet objectif existentiel. C’est déjà indispensable. Pour l’Amiral Vandier, « L’IA sera utilisée à deux fins dans les armées : faire des choses que les humains font déjà, aussi bien, voire mieux, qu’eux. Et puis faire des choses impossibles à l’humain face à l’urgence quand on n’a pas le temps de réfléchir face à la multitude de données. ».

Le brouillard de la guerre cher à Clausewitz semble s’être dissipé

Par ailleurs, le champ de bataille est devenu extrêmement complexe, interactif, rapide et transparent du fait de la multiplication des capteurs (drones, satellites, avions, guerre électronique…). Le brouillard de guerre cher à Clausewitz semble s’être dissipé. Ou presque : encore faut-il pénétrer dans le cerveau de l’ennemi – la dernière zone d’ombre – pour anticiper ses ordres.

Ainsi, la différence sur un théâtre d’opérations se résumera désormais à la qualité et à la rapidité des prises de décision ainsi qu’à la capacité à évaluer les situations stratégiques et tactiques. Et la dynamique actuelle de l’IA le permet en traitant l’énorme flux de données (big data) apporté par tous les capteurs d’un champ de bataille. Un gain de temps indispensable. Puis, dans un deuxième temps, l’IA assiste l’opérateur dans sa prise de décision en lui proposant différentes options. C’est ce qui se passe en Ukraine, devenue un laboratoire tactique et stratégique pour tester très rapidement des milliers d’idées. Il y a désormais clairement une confrontation d’IA entre pays, et notamment contre des pays considérés comme ennemis. C’est dans ce contexte que le ministère des Armées a créé le 1er mai l’Agence Ministérielle pour l’Intelligence Artificielle de Défense (AMIAD), qui sera dotée d’un supercalculateur et de 300 personnes en 2026. Avec pour objectif de traiter de manière autonome tous les flux de données. .