C’est entendu, nous, Terriens, sommes « visités ». Nous en avons eu l’ultime preuve en 2017 avec l’objet interstellaire Oumuamua, puis encore en 2019 avec 2I/Borisov, dont la nature de comète venue d’ailleurs ne fait aucun doute. Mais alors, pourquoi ne serions-nous pas fréquentés par des objets célestes beaucoup plus grands, comme des exoplanètes errantes ou même des étoiles naines (c’est-à-dire comme le Soleil ou plus petites) ?
L’influence d’une nounou ou d’une marraine dans le système solaire
Non seulement cela est astronomiquement possible, mais c’est même le plus probable selon une nouvelle étude basée sur des simulations informatiques. En fait, le Système Solaire aurait bénéficié du passage d’une sorte de marraine géante dans notre région cosmique…
Les orbites ont longtemps été un grand mystère pour les humains et une source de leur incompréhension de la nature. Les anciens les croyaient circulaires, en raison de leur origine divine, et dans leur esprit, un ou plusieurs êtres supérieurs ne pouvaient créer autre chose que la perfection. Par conséquent, des orbites non circulaires auraient été insupportables pour leurs croyances.
Mais tant que les astronomes adoptaient cette approche, les mouvements planétaires restaient imprévisibles. Ils ont même inventé les épicycles pour que leur modèle supposé parfait colle à des observations qui les contredisaient, notamment la planète Mars avançant puis reculant dans le ciel (mouvement rétrograde). Il a fallu le génie mathématique de Kepler (1571-1630) pour comprendre que les orbites étaient bien elliptiques. Et cet astronome allemand était très religieux, dans une belle ironie de l’histoire scientifique.
Aujourd’hui, nous sommes presque certains que nos planètes gazeuses (Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune) ont migré durant la jeunesse du Système solaire. Des migrations qui auraient par exemple amené des matières jusqu’à la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter, il y a environ 4 milliards d’années. Mais à cause de quoi, ou de qui ?
Les simulations sont claires : un super Jupiter interstellaire est entré dans le système solaire
Le système solaire s’est formé il y a environ 4,56 milliards d’années après l’effondrement gravitationnel d’un nuage de gaz et de poussière, donnant d’abord naissance au Soleil, puis avec moins de 1 % de matière restant aux planètes, lunes, comètes et autres astéroïdes. Cette petite enfance fut néanmoins plus ou moins chaotique, les orbites devinrent de moins en moins elliptiques par exemple. Le Great Tack, cette théorie qui fait aujourd’hui consensus dans la communauté scientifique, notamment sur les migrations des orbites de Jupiter et de Saturne, n’avait pas encore de cause absolument établie.
Et de fait, de nouvelles simulations numériques montrent que le passage très proche, à seulement 20 unités astronomiques du Soleil – donc entre Saturne et Uranus – d’une exoplanète très massive est encore plus probable que tous les autres scénarios envisagés jusqu’à présent. Ce visiteur interstellaire, venu des confins de l’espace, « pèserait » entre 2 et 50 fois la masse de Jupiter ! Dans le haut de gamme, il ne s’agirait même plus d’une planète, mais d’une étoile naine brune, sorte d’objet astrophysique entre la planète et l’étoile. Cela dit, les simulations des chercheurs s’avèrent plus efficaces avec une masse de huit Jupiters, ce qui est déjà énorme.
Pour l’instant, cette hypothèse ne produit l’évolution du système solaire que dans 1% des simulations réalisées, mais c’est en réalité un bon résultat, du moins le meilleur que nous ayons. En effet, les autres scénarios ne le reproduisent que dans des simulations de 1 pour 1000 ou 10 000. C’est donc le plus crédible à ce jour.
Sources :
L’Univers aujourd’hui
arXiv (publication scientifique)