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L’historien militant Patrick Boucheron entend « prôner le métissage mondial »

Pour la cérémonie d’ouverture, le réalisateur Thomas Jolly a fait appel à quatre auteurs, dont celui de Patrick Boucheron, partisan du NFP, qui veut « déjouer les stéréotypes nationaux ».

La romancière Leïla Slimani, l’historien Patrick Boucheron, la scénariste Fanny Herrero (Dix pour-cents) et le dramaturge Damien Gabriac ont participé à l’écriture de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, spectacle qui sera le « le contraire d’une histoire héroïque »déjouer avec « humour » LE « les clichés » – comme ils le promettent dans une interview avec Monde ce mardi.

Le lauréat du prix Goncourt 2016 et l’historien du Collège de France racontent comment ils ont imaginé, au sein de l’équipe du directeur artistique Thomas Jolly, ce spectacle suivi par 300 000 spectateurs et des centaines de millions de téléspectateurs. « J’avais l’idée d’un énorme spectacle mais il me manquait une histoire pour parler au monde entier »explique Thomas Jolly, qui dit avoir eu, avec ces quatre auteurs, « l’équipe idéale ».

Et assurément la cérémonie du 26 juillet cassera les codes, en se déroulant non pas dans un stade mais sur la Seine, et autour des monuments emblématiques de la capitale. Sur les quais et les ponts, quelque trois mille danseurs et comédiens proposeront douze tableaux artistiques, tandis que les délégations nationales défileront sur des bateaux. Enfin, petite surprise, la cérémonie aura également lieu « dans le ciel »déclare Thomas Jolly.

Mettre fin aux « valeurs philosophiques traditionnelles »

Dans l’interview au Monde, Leïla Slimani évoque une « histoire très généreuse »avec « De la joie, de l’émulation, du mouvement, de l’excitation et de l’éclat, et pas seulement ces fameuses valeurs philosophiques traditionnelles que la France exhibe volontiers avec parfois trop d’assurance. (…) Nous jouons sur l’image que les Français peuvent avoir dans le monde (…). Il y a beaucoup d’humour (…) dans notre spectacle »assure le romancier.

Le 14 juillet 1989, quelques jours après la répression de la place Tiananmen, le défilé célébrant la Révolution française rendait hommage aux manifestants chinois contre le régime de Pékin.
GÉRARD FOUET / AFP

Fanny Herrero indique avoir « veillé sur les séquences, les registres, les variations d’émotions ». Interrogé sur la série populaire « Emilie à Paris »Thomas Jolly cite également le film Le fabuleux destin d’Amélie Poulain et a dit qu’il voulait « jouer avec les clichés (…) sans s’en moquer ».

Avec Thomas Jolly, « Nous ne privilégions aucune culture, nous chérissons Molière et Britney Spears, un film de Pasolini ou une finale de Coupe du monde de football », a déclaré dans un communiqué des organisateurs Damien Gabriac, qui a collaboré avec lui dans certains de ses spectacles, comme Henri VI Ou Richard IIIIl a dit qu’il travaillait dans un « esprit fédérateur, éclectique, poétique, politique, héritier de Jean Vilar et d’André Malraux, grandes figures de la décentralisation et de la culture française exceptionnelle. »

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« Plaidoyer pour le métissage mondial »

L’historien Patrick Boucheron dit avoir été inspiré par « la cérémonie imaginée par Jean-Paul Goude pour le Bicentenaire de la Révolution française, en 1989 »qui a marqué l’histoire du spectacle vivant. « Le défilé a déjoué les stéréotypes nationaux et n’a pas eu peur de prôner le métissage mondial avec un optimisme que nous avons aujourd’hui perdu. »il croit.

Selon lui, Paris 2024 sera l’inverse de la cérémonie des Jeux de Pékin en 2008, qui avait été « une ode à la grandeur et une manifestation de force »L’ouverture des Jeux Olympiques doit « parler du monde à la France et parler de la France au monde »ce sera le « le contraire d’une histoire virile et héroïque »avec la France comme valeur centrale, « promesse de liberté ».

Autrement dit, il s’agit de faire tout le contraire de la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby, critiquée l’automne dernier pour l’image d’une France sépia qu’elle avait mise en scène, à grand renfort de bérets et de baguettes de pain, sur un Jean Dujardin plus gaulois qu’OSS 117 lui-même.

Spécialiste de l’Italie médiévale, c’est moins pour son érudition dans son champ disciplinaire que pour son discours politico-historique que l’historien Patrick Boucheron semble avoir l’artisan idéal d’une cérémonie d’ouverture qui se garde bien de ressembler à tout sauf à une manifestation de patriotisme. Patrick Boucheron a publié de nombreux ouvrages, dont un Histoire mondiale de la France, qui attaquent le « roman national »un « offensive idéologique ».

Sans surprise, l’une de ses cibles favorites est le parc à thème historique du Puy du Fou, qu’il attaque avec vitriol dans un long rapport publié par L’Obs. « Quelqu’un peut-il me dire ce que je fais ici ? (…) C’est bien ma chance, moi qui ai toujours essayé de fuir, bien que je sois historien du Moyen Âge, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un spectacle de fauconnerie ou de troubadour. » il l’écrit notamment dans ce rapport qui a l’allure d’un réquisitoire. On sait au moins ce qu’on ne verra pas sur la Seine le 26 juillet.

Celui que la presse a longtemps décrit comme proche d’Emmanuel Macron (Le monde (il croyait même savoir que l’historien avait voté pour lui en 2017) est régulièrement cité par le président de la République ; il a pourtant appelé à voter pour le Nouveau Front populaire aux législatives de l’été 2024. Estimant dans un entretien à L’Humanité que la coalition de gauche est « la seule alternative à un pouvoir séditieux ».

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Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.
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