L’historien de l’Holocauste Alex Dancyg est mort en captivité à Gaza

LLes attaques lancées par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 octobre 2023 ont causé la mort de près de 1.200 personnes, dont 815 civils. La milice islamiste et ses alliés ont alors pris 251 otages, l’armée israélienne estimant que 72 sont toujours détenus à Gaza, où se trouvent les restes de 39 autres. L’offensive lancée par Israël contre l’enclave palestinienne a déjà fait près de 40.000 morts, dont un tiers d’enfants, selon des sources locales, cautionnées par l’ONU.

L’intensification de la répression et de la colonisation en Cisjordanie a, sur la même période, entraîné la mort de près de 600 Palestiniens. Mais tous ces chiffres, malgré leur brutalité, ne parviennent pas à rendre l’horreur du conflit en cours, un conflit largement perçu comme existentiel par les deux camps. C’est pourquoi il est important de restituer à chacune de ces victimes son identité propre, et donc sa dignité d’être humain, afin de ne pas perdre le sens profond d’une telle tragédie collective.

Un historien israélo-polonais de l’Holocauste

Alex Dancyg est né en 1948 à Varsovie. Ses deux parents ont survécu à l’Holocauste en se cachant sous de fausses identités, même si de nombreux membres de sa famille ont péri dans l’extermination nazie. Il n’avait que 9 ans lorsqu’il a émigré avec sa famille en Israël, où il a rejoint très tôt la « jeune garde » (Hashomer Hatzair), le mouvement de jeunesse du Mapam, parti historique de la gauche ouvrière (et première des formations sionistes à admettre des Arabes israéliens dans ses rangs). C’est dans la continuité de cet engagement qu’il s’installe dans le kibboutz de Nir Oz, tout près de la bande de Gaza, et y élève ses enfants.

Socialiste et pacifiste convaincu, Dancyg retourne en Pologne pour la première fois en 1986 et commence quatre ans plus tard à développer des outils pédagogiques pour les groupes israéliens visitant Auschwitz. Il établit ainsi une collaboration durable avec Yad Vashem, le mémorial de l’Holocauste à Jérusalem, en mettant en place des initiatives conjointes israélo-polonaises.

Le kibboutz de Nir Oz a été, le 7 octobre 2023, l’un des premiers attaqués par les miliciens du Hamas, peu après leur invasion à l’aube du territoire israélien. Il a aussi été l’une des localités à payer le plus lourd tribut à une telle attaque, avec 38 morts et 75 otages, dont Alex Dancyg, pour une population de 380 habitants. Les commandos islamistes, souvent vêtus d’uniformes israéliens, ont patrouillé et pillé le kibboutz pendant de longues heures, avant que l’armée israélienne n’intervienne en début d’après-midi.

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