Une histoire de« éternité ». La chanson L’hymne à l’amour d’Édith Piaf raconte un amour passionné, celui de la star mondiale et du boxeur Marcel Cerdan. Le 26 juillet, Céline Dion l’a interprété depuis le premier étage de la Tour Eiffel, dans l’émouvante scène finale de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.
Cette version, qui marque la première prestation de la chanteuse canadienne depuis qu’elle a annoncé qu’elle souffrait du syndrome de la personne raide, est diffusée sur les plateformes d’écoute ce jeudi 10 octobre.
La star avait publié quelques heures plus tôt un court extrait de sa performance sur les réseaux sociaux avec pour seul message « 10.10.24 »déclenchant un torrent de spéculations sur les réseaux sociaux. La date est symbolique : ce jeudi marque le 61e anniversaire de la mort d’Edith Piaf, décédée en 1963 à l’âge de 47 ans.
10.10.24 pic.twitter.com/v2zJRpo11X
– Céline Dion (@celinedion) 9 octobre 2024
Encore, L’hymne à l’amour n’a presque jamais été chanté par Édith Piaf. A l’origine, c’était une chanson commandée à La Môme par Yvette Giraud. Un tragique accident d’avion en décidera autrement.
L’ombre de Marcel Cerdan
En 1946, Édith Piaf part à la conquête de l’Amérique. L’enfant des rues, devenu icône française, se produit aux États-Unis avec Les Compagnons de la chanson, mis en scène par Jean-Louis Jobert. En 1947, une rencontre transforme sa vie : celle de Marcel Cerdan.
Né en Algérie en 1916, le boxeur français est l’autre star du moment. Si le coup de foudre n’est pas immédiat, leur histoire n’en est pas moins passionnée. Mais à Casablanca au Maroc, une épouse, Marinette Lopez, et trois enfants attendent celui qui deviendra champion du monde des poids moyens en 1948.
Poursuivis par la presse, Édith Piaf et Marcel Cerdan n’officialisent donc pas leur relation, citant un » amitié « . Début 1949, ils acquièrent un hôtel particulier à Boulogne-Billancourt, dans lequel la chanteuse écrit la commande pour Yvette Giraud. Édith Piaf revient à New York, où elle chante juste pour apprendre la chanson L’hymne à l’amour.
« Dieu rassemble ceux qui s’aiment »
« Prenez l’avion, le bateau est trop long ! » » Aux Etats-Unis, le gamin se languit de son boxer. Le 29 octobre 1949, Marcel Cerdan embarque à bord du Constellation à Orly pour le rejoindre. L’avion à hélice doit faire escale aux Açores : il n’y atterrira jamais. L’accident a causé la mort de onze membres d’équipage et de 37 passagers.
L’hymne à l’amour se transforme en oraison funèbre. Le lendemain sur scène, Édith Piaf annonçait, dévastée : « Mesdames et messieurs, ce soir je chante pour Marcel Cerdan.» Les mots résonnent comme prémonitoires : « Si un jour la vie t’éloigne de moi / Si tu meurs, laisse-toi être loin de moi / Je m’en fiche si tu m’aimes / Parce que je mourrais aussi (…) / Dieu rassemble ceux qui s’aiment.» Le chanteur s’est alors réfugié dans la morphine et l’alcool.
Avec l’accord d’Yvette Giraud, Édith Piaf conserve L’hymne à l’amour dans son répertoire. Elle l’enregistre le 2 mai 1950 avec l’orchestre de Robert Chauvigny. Après la disparition de La Môme en 1963, le mécène inscrit enfin la chanson à son registre.
Un tandem féminin et de nombreuses reprises
L’hymne à l’amour c’est aussi l’histoire d’un autre duo, celui du chanteur et de Marguerite Monnot, pianiste et compositrice française à l’origine des notes mythiques d’instrument à cordes du titre. Les deux femmes collaborent depuis 1936, sur des titres comme Milord, La vie en rose ou même Les amoureux d’un jour. Au total, le pianiste signera 36 chansons pour La Môme, dont L’hymne à l’amour reste l’un des plus grands succès populaires. Pour écrire la musique, elle se serait largement inspirée du lied La Nuit du Frühling de Robert Schumann.
Traduite en onze langues, cinq reprises en anglais – dont une de Phil Collins – et pas moins de 13 en japonais… la chanson d’Edith Piaf fait le tour du monde. Cependant, il n’est pas construit de manière classique, alternant couplets et refrains. Il est composé de quatre couplets, sans refrain, avec un « pont » (une cassure dans le rythme musical, NDLR).
En 2015, Céline Dion l’interprète pour la première fois lors de la cérémonie des American Music Awards, en hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre de la même année.
Apparitions au cinéma
Depuis 1952, L’hymne à l’amour fait ses premiers pas au cinéma. Dans Paris chante encore de Pierre Montazel, Édith Piaf la interprète sur le parvis de Notre-Dame de Paris. Au milieu de la brume, elle évolue seule, entourée de figures fantomatiques de couples. Elle est enfin rejointe par un homme brun, dont la silhouette de dos rappelle… Marcel Cerdan.
Le titre, qui deviendra la chanson préférée des Français en 2016, a fait sa dernière apparition au cinéma en 2007, dans le biopic L’enfant. Marion Cotillard, interprétée par la chanteuse Jil Aigrot, a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour le rôle principal, faisant d’elle la troisième actrice française à obtenir ce prix.