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l’histoire d’un Rochelais, témoin des inondations en Espagne

jeIl s’est posé la question de la pertinence de son intervention, avant d’entendre les habituelles lamentations des riverains sur les crottes de chiens et les poubelles abandonnées. Il a même présenté par avance ses excuses aux élus et aux habitants. Et puis il a commencé.

Une semaine après la catastrophe qui a frappé l’Espagne (217 morts selon le bilan provisoire au 6 novembre), Alain Breysse, président du comité de quartier de Genette, a livré un témoignage personnel, à la fois effrayant et émouvant lors de la réunion publique, mardi 5 novembre. Lors d’un séjour habituel chez leur fille, médecin urgentiste à Valence, le Rochelais et son épouse ont vécu « les crues brutales et incroyables », dont il a reconstitué la chronologie.

« La grande majorité des décès sont des personnes noyées dans leur voiture. Les fenêtres ne s’ouvrent pas sans électricité, pas plus que les portes à cause de la pression de l’eau. »

« Mardi matin (29 octobre), à ​​7 heures, la météo annonçait une alerte rouge, avec un risque d’inondation important. Puis le vent et la pluie se sont rapidement accrus. Les rivières ont débordé dès le début de l’après-midi. Mais ce n’est que le soir, à 20h13 – ce qui explique la colère des habitants – que nos téléphones ont reçu un SMS accompagné d’une sirène, disant d’éviter tout déplacement dans toute la province. »

« Le piège s’est refermé »

L’expérience vécue par Alain Breysse n’est pas sans intérêt dans une ville touchée par plusieurs tempêtes, dont l’une, Xynthia en 2010, a submergé certains secteurs. « Malheureusement, cette alerte est arrivée trop tard », estime-t-il. On peut aussi considérer qu’il a eu l’effet inverse de son objectif : de nombreuses personnes, en recevant ce message, que ce soit chez elles ou dans un centre commercial, ont pensé à leur voiture. Ils se précipitèrent pour les abriter. Le piège s’est refermé, la montée rapide des eaux a inondé les parkings souterrains. La grande majorité des décès sont des personnes noyées dans leur voiture. Les fenêtres ne s’ouvrent pas sans électricité, pas plus que les portes à cause de la pression de l’eau. »

Le scénario cauchemardesque s’est notamment produit dans le vaste parking de 5 100 places de la zone commerciale d’Alfafar, au sud de Valence.

Le président du comité de quartier, qui connaît bien l’Espagne, explique que le fleuve Turia, bien qu’épargnant la ville de Valence, a été détourné dans les années 1960 après des inondations meurtrières en 1957, qui avaient fait 97 morts. Cependant, les terres agricoles ont été urbanisées, et le changement climatique les expose désormais à des inondations dramatiques.

« Dans l’émotion et surtout pas dans la critique », Alain Breysse estime qu' »une information claire et anticipée de la population aurait sans doute limité les conséquences en termes de pertes de vies humaines ». Elle met ainsi en avant le document communal d’information sur les risques majeurs (DICRIM), diffusé par la communauté urbaine de La Rochelle aux habitants des communes à risque.

La version actualisée en 2024, disponible dans les mairies et sur Internet, recense les « réflexes à adopter » en cas de risques naturels, industriels, sanitaires ou d’attentats. Il est également possible de s’inscrire au système d’alerte à distance pour recevoir des informations et des instructions en cas d’événement.

Cammile Bussière

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