ENTRETIEN – Après l’attentat de Moscou, Vladimir Poutine, qui maintient la thèse d’un lien avec l’Ukraine, renforce l’idée d’une menace existentielle contre laquelle la Russie devrait lutter, analyse la chercheuse Isabelle Facon.
Spécialiste de la Russie, Isabelle Facon est directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
LE FIGARO. – Cinq jours aprèsAttaque de l’hôtel de ville de Crocus A Moscou, qui a fait 137 morts vendredi soir, le Kremlin continue de pointer un lien entre les terroristes islamistes à l’origine de l’attentat meurtrier et l’Occident. Cette histoire est-elle nouvelle ?
Isabelle FACON. – Ce n’est pas nouveau dans le discours russe. La Russie a fortement souligné l’idée de la responsabilité des États-Unis dans la montée du radicalisme et du terrorisme, dans l’émergence de l’État islamique. En 2007, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, en 2015, à l’Assemblée générale de l’ONU, Vladimir Poutine établissait un lien de causalité entre l’interventionnisme américain et occidental, notamment la guerre en Irak en 2003 et l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, et l’instabilité du pays. le Moyen-Orient, terreau fertile pour le terrorisme.
Par la suite, Moscou a dénoncé le soutien américain aux groupes terroristes…