C’est confirmé. Le président du CMI France, Denis Olivennes, l’a annoncé lundi à la rédaction de Marianne la volonté de vendre l’hebdomadaire de son propriétaire, Daniel Kretinsky (créancier de Libérer), avons-nous appris de sources concordantes. Une source proche du dossier a indiqué la semaine dernière que le milliardaire tchèque étudiait l’option d’une vente, la ligne devenant « souverainiste radical » de Marianne ne convient pas à ce pro-européen.
Lundi, devant la rédaction, « Denis Olivennes a confirmé que Daniel Kretinsky lui avait donné un mandat » pour cette vente qui devrait permettre « assurer un financement durable à Marianne »de « protéger la ligne éditoriale » et de « garder Natacha Polony comme directrice de la rédaction si elle le souhaite », avons-nous déclaré à CMI France. M. Olivennes a en outre précisé que « Daniel Kretinsky s’est engagé à soutenir Marianne jusqu’à ce que les négociations aboutissent »» complète l’éditorial dans un communiqué. « Le CSE (comité social et économique) et la SRM (société des éditeurs) seront très attentifs à ce que le groupe CMI, Daniel Kretinsky et le futur repreneur honorent ces engagements »Elle ajoute.
Marianne est entre les mains de l’homme d’affaires depuis 2018, qui y a investi 20 millions d’euros. Déjà à la tête d’un petit empire médiatique dans son pays et d’un puissant groupe énergétique, le magnat tchèque a accéléré ses investissements tous azimuts en France. En novembre, il met la main sur le numéro deux de l’édition Editis, vendu par Vivendi.
Depuis 2018, il a entre autres racheté les magazines du groupe Lagardère Active (dont Elle Et Télévision 7 jours), a acquis plus de 5 % du groupe TF1 et l’a renfloué Libérer deux fois, sans devenir actionnaire. Son entourage a toujours assuré qu’il voulait « aider le pluralisme », quitte à perdre des fonds. Et « s’il s’abstient d’intervenir » dans les rédactions, « il ne s’interdit pas de le quitter ». En mars, Natacha Polony a réfuté toute ingérence de l’actionnaire, « particulièrement respectueux » d’après elle.
Plusieurs candidats potentiels se sont déclarés, écrivait Libération la semaine dernière, parmi lesquels le milliardaire Vincent Bolloré (qui s’intéressait déjà à Marianne en 2005) et Pierre-Edouard Stérin, le créateur de Smartbox, qui a récemment cherché à investir massivement dans les médias. Des noms qui font frissonner les journalistes Marianne, « abasourdie » par l’actualité qui circule depuis le 15 avril, via un article de la lettre.
55 cartes de presse à Marianne
Créé en 1997 par les journalistes Jean-François Kahn et Maurice Szafran, l’hebdomadaire compte 55 cartes de presse. A l’initiative de la direction éditoriale, une nouvelle formule a été lancée en mars, avec une pagination réduite de moitié et un prix passant de 4,40 euros à 3,50 euros. Ce lancement a été un succès, avec des ventes au numéro en forte hausse et des abonnements papier et numérique recommençant à augmenter, selon CMI France.
Avec 129 000 exemplaires vendus en 2023, Marianne voit son tirage baisser de 1,3% par rapport à 2022. Elle reste en retard sur ses concurrents Indiquer, L’Obs Et L’Express. Marianne a perdu 3 millions d’euros l’an dernier, pour 12 millions d’euros de chiffre d’affaires.