Ils sont plusieurs milliers attendus ce samedi et dimanche dans la commune de Lerm-et-Musset (Gironde), à 75 km au sud de Bordeaux : des manifestants anti-LGV se rassemblent à l’appel de l’association écologiste Les insurrections de la terre et du collectif Non LGV.
Il s’agissait d’une manifestation non déclarée, la préfecture a donc placé la commune sous la surveillance de la gendarmerie et les premières tensions ont éclaté dans la nuit. 800 à 1 000 manifestants étaient déjà sur place ce samedi matin, certains portaient une cagoule.
Un fourgon de police attaqué par des manifestants cagoulés
Vers 15h20, un fourgon de gendarmerie a été attaqué par une cinquantaine de manifestants cagoulés, en marge de la manifestation. Le véhicule, avec quatre gendarmes à bord, s’est retrouvé embourbé dans la forêt. L’attaque a donné lieu à quelques projectiles, dont des gaz lacrymogènes.
Les gendarmes ont pris la fuite, évacués par les pompiers venus les libérer. Les manifestants ont ensuite dégradé le véhicule et peint à la bombe « c’est pour l’hélicoptère » ci-dessus, en référence à un hélicoptère de la gendarmerie survolant en pleine nuit le camp des manifestants. Ils ont également volé du matériel à l’intérieur du fourgon, dont un bouclier anti-émeute.
Le préfet de Gironde »condamne ce comportement inacceptable à l’égard des forces de sécurité et d’urgence » dans un message posté sur X cet après-midi. Aucun blessé n’a été signalé.
Jusque-là, l’ambiance était calme. Les manifestants sont désormais dans la forêt et construisent un guetteur en bois. Au milieu de la journée, l’ambiance était plutôt calme et festive.
Hélicoptère visé et convoi ZAD contre l’A69 sur place
La préfecture relaie ce matin sur son compte X que plusieurs coups de feu ont été tirés dans la nuit.un hélicoptère de police qui a effectué un survol de reconnaissance du site hier soir « .
Des tirs qui n’ont pas touché leur cible, mais une enquête est ouverte. Les manifestants dénoncent « une provocation de la gendarmerie« , avec un dispositif cohérent et sonore »qui a réveillé tout le monde« .
Les Soulèvements de la Terre relayent cela un convoi ZAD contre l’A69 les a rejoint dans la soiréeet que « de nombreux contrôles ont été effectués. . Une vingtaine d’entre eux sont fichés S, selon les autorités.
« L’objectif n’est pas de permettre l’implantation d’une ZAD »
Les autorités évoquent la possible participation deenviron 3 000 opposants avec « plusieurs centaines de personnes violentes« . »Armes par destination, arbalètes, fusils, boules de pétanque, cagoules« ont été saisis lors de contrôles en amont, a indiqué le préfet de Gironde, Étienne Guyot.
Les travaux ont déjà commencé au nord de Toulouse, mais l’autorisation nécessaire aux aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), préalable au projet LGV lui-même attendu en 2028, reste à délivrer d’ici fin novembre. Le préfet appelle au calme et rejette l’idée qu’un camp d’opposition ou ZAD (« Zone à défendre ») puisse s’installer sur le futur tracé. Il a interdit toute manifestation dans plusieurs communes de la métropole bordelaise. « L’objectif n’est pas de permettre l’implantation d’une ZAD« , a-t-il déclaré vendredi.
Des points de vue très divergents
L’objectif de la LGV est de relier, en 2032, Toulouse à Paris en 3h10gagner une heure sur le parcours actuel. Un embranchement traversant l’est de la forêt landaise devrait relier Dax à Bordeaux en vingt minutes de moins et permettre, un jour, des liaisons directes avec l’Espagne.
Alain Rousset, président (PS) de Nouvelle-Aquitaine, défend une «investissement pendant au moins un siècle« ce qui permettrait »sortir » de la route les 10 000 camions arrivant chaque jour d’Espagne, libérant ainsi les lignes existantes pour le fret. Invité de franceinfo ce samedi, il cite le « succès de plusieurs millions de voyageurs de la LGV Paris-Bordeaux« pour quoi »les mêmes arguments que nous entendons aujourd’hui » étaient avancés.
Mais les opposants, élus et parlementaires locaux, habitants, forestiers et viticulteurs, dénoncent un projet « mortel« . Selon eux, la mise en œuvre de cette LGV entraînerait l’artificialisation d’environ 5 000 hectarestraversant notamment la vallée du Ciron, affluent de la Garonne, où se trouve une forêt de hêtres ancestrale. Ils prônent une rénovation des lignes existantes pour développer « trains quotidiens« et critiquer l’imposition d’une taxe spéciale sur 2.340 communes proches du tracé de ce projet »pharaonique« , cofinancé par l’Etat, les collectivités territoriales et l’Union européenne.
« J’en ai assez des fausses nouvelles« , s’est agacé le président de la région Nouvelle-Aquitaine. « Ce ne sont pas 5 000 hectares qui seront concernés, c’est moins de 1 000 parce qu’une voie ferrée n’imperméabilise pas les sols.« , a-t-il expliqué, ajoutant que l’axe réduira la pollution de l’air en désengorgeant l’autoroute.