THOMAS SAMSON / AFP
Ce qui se cache derrière la ligne intransigeante des insoumis contre Macron (et le PS) (ici Mélenchon et Bompard en décembre 2023)
POLITIQUE – Ils ne participeront pas à la danse. Invités à l’Élysée par le président de la République lundi, les élus de la France Insoumise ont annoncé vendredi 6 décembre leur refus de s’y rendre. Les mélenchonistes ne veulent pas participer aux larges concertations initiées par Emmanuel Macron pour trouver le futur locataire de Matignon.
Une question de cohérence, selon le coordinateur national du mouvement Manuel Bompard, et de « loyauté » à l’alliance NFP. » Aucune discussion autre que la nomination d’un gouvernement de Nouveau Front populaire ne peut avoir lieu avec le chef de l’Etat. », explique-t-il dans un communiqué publié vendredi soir, fustigeant une nouvelle fois le « course de puissance » d’Emmanuel Macron à travers son refus de « reconnaître les résultats des dernières élections législatives. »
En bref : la formation de gauche radicale continue de plaider pour « tout le programme juste le programme », avec un gouvernement dirigé par Lucie Castets qui se chargerait alors de trouver des majorités texte par texte au Parlement. Une position qui contraste avec celles de leurs partenaires, prompts aux compromis pour installer une personnalité de gauche à Matignon. Qu’elle soit membre de leur alliance ou non.
Enjambez Matignon pour la présidentielle
Dès lors, comment comprendre ces différences qui tendent à isoler la France insoumise des autres partis de gauche ? Pour les mélenchonistes, la stratégie est claire : garder les mains propres, cultiver le statut d’opposant farouche à la macronie et « système capitaliste financiarisé », même si le blocage vers Matignon se poursuit, pour mieux pointer la responsabilité d’Emmanuel Macron et demander son départ.
En ce sens, la réaction de Jean-Luc Mélenchon face à l’adoption de la motion de censure contre Michel Barnier est claire. Invité jeudi du 20 heures de TF1, le patriarche insoumis a en effet attendu une question et moins de 40 secondes pour pointer la responsabilité du chef de l’Etat dans cette histoire.
« Ce n’est pas M. Barnier qui a été censuré. C’est M. Macron qui a été censuré”a ainsi plaidé le triple candidat à la présidentielle, pour qui « l’esprit (de la Constitution) est que (Emmanuel Macron) doit partir « . En fait, la sentence, déjà claironnée par les rebelles l’été dernier, qui verraient leur champion concourir à une élection présidentielle anticipée, retrouve sa force cet automne avec la chute du gouvernement.
Peu de musique monte dans la sphère politique, avec le soutien de personnalités modérées comme Charles de Courson ou Jean-François Copé, mais aussi dans l’opinion publique, avec plus de 6 Français sur 10 favorables au départ anticipé du locataire de l’Élysée. Pour les insoumis, c’est la seule solution pour sortir de l’impasse, comme le répète Manuel Bompard dans son communiqué refusant l’invitation présidentielle. Et la meilleure option pour Jean-Luc Mélenchon pour participer à une quatrième élection présidentielle ?
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Dans le contexte, difficile aussi de ne pas lier l’intransigeance des insoumis à l’égard d’Emmanuel Macron et de ses consultations à la bataille d’influence qui se joue à gauche. Face aux socialistes et à leur part de négociation, les insoumis jouent leur propre rôle, celui du radicalisme.
Ainsi, il n’est pas anodin de voir les élus LFI multiplier leurs critiques à l’égard de leurs partenaires enclins à exiger la bonne volonté des macronistes pour gouverner. Du côté du PS, écologistes et communistes ne posent plus la nomination de Lucie Castets à Matignon comme un préalable aux discussions et négociations. Objectif : un Premier ministre de gauche, qui mise sur la non-censure du centre, et pourquoi pas de la droite.
Impensable pour les mélenchonistes. « Aucun accord entre un parti du Nouveau Front Populaire et les partis présidentiels ne nous engagerait », insiste Manuel Bompard dans son communiqué, critiquant nommément les socialistes pour leur ouverture sur la réforme des retraites. Olivier Faure propose en effet un « geler » plus qu’une abrogation, comme un coup de pouce aux macronistes.
Pour la France insoumise, il s’agit de défendre avec acharnement la feuille de route du NFP et de miser sur une gauche au programme chimiquement pur. Le tout en faisant planer le spectre du « trahison » du Parti Socialiste, antienne de la gauche radicale. Ce spectre « plane toujours au-dessus du PS », résume le professeur de sciences politiques Rémy Lefèvre dans les colonnes de Monde. Pour lui, si les socialistes « Donnaient l’impression de vouloir faire alliance avec les macronistes, ils ouvriraient un espace politique à Jean-Luc Mélenchon, qui n’attend que ça ». Quitte à ignorer une invitation à l’Élysée.
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