L’extrême droite américaine craint de ne plus pouvoir dire que les Juifs ont tué Jésus
Après deux semaines de manifestations étudiantes pro-palestiniennes, les tensions s’intensifient au sein de la classe politique américaine. Joe Biden, pris entre son parti et les critiques de l’opposition républicaine, cherche le juste milieu : « Il y a le droit de manifester, mais il n’y a pas de droit au chaos » » a déclaré le président américain le 2 mai alors que les arrestations franchissaient le seuil des 2 000.
Pour le Parti républicain, majoritaire au Congrès, il s’agit de saisir une opportunité pour affaiblir la crédibilité du président, qu’il accuse d’adopter une attitude effacée de peur d’offenser certains démocrates. Mais sa nouvelle loi élargissant la définition de l’antisémitisme a conduit à des divisions involontaires parmi ses membres, comme le souligne le New York Times.
L’Anti-Semitism Awareness Act doit introduire dans le droit américain une définition conçue par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. Cela devrait notamment permettre au ministère de l’Éducation de mieux gérer les accusations d’incitation à la haine portées contre les manifestants. Ayant bénéficié d’un soutien bipartite écrasant, le projet de loi doit maintenant être voté au Sénat.
Une défense du christianisme
Selon la très controversée députée Marjorie Taylor Greene, à la tête du petit groupe de républicains extrémistes opposés au projet, cette loi « condamnerait les chrétiens pour antisémitisme parce qu’ils croient à l’Évangile selon lequel Jésus a été remis (au roi) Hérode par les Juifs pour être crucifié. » Le mythe de « des gens déicides »cause historique de la persécution des Juifs, a néanmoins été remise en cause par la papauté en 2011.
Les opposants ne se limitent pas à la frange extrémiste républicaine : certains démocrates et certaines organisations civiles voient dans cette loi une tentative de museler toute critique à l’égard d’Israël. D’éventuelles restrictions du financement fédéral des universités risqueraient notamment d’encourager la censure des critiques du gouvernement israélien sur les campus afin d’éviter toute sanction.
Cette loi fait partie d’une réponse républicaine plus large contre les rassemblements pro-palestiniens. Deux jours avant le vote au Congrès, certains députés avaient promis d’ouvrir une enquête sur l’antisémitisme dans les universités – une attaque directe contre la direction considérée comme « sans franchise ni courage ». Entre autres mesures, les visas des étudiants ayant participé à des manifestations jugées extrémistes pourraient faire l’objet d’une révision.