Ce samedi 28 septembre, dans la Drôme, Kevin Mayer organise une nouvelle édition de son initiation au décathlon. Un sujet qui lui tient à cœur.
« L’athlétisme est un sport très dur, avec un niveau fou sur la planète. Cela peut faire peur mais mon message sera toujours le même : ne pas aller trop loin vers la facilité car ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour s’émanciper. » C’est en partie le message que Kevin Mayer devrait tenter de faire passer ce samedi, lors de la nouvelle édition de la Mayer Experience qu’il organisera près du Bassin des Musards, à la Roche-de-Glun, dans la Drôme. Un lieu hautement symbolique pour lui. « C’est incroyable de pouvoir organiser notre événement dans le village où j’ai grandi, où j’ai appris à courir, sauter, lancer, faire du vélo, nager… Mes étés d’enfant et d’adolescent consistaient entièrement à faire des allers-retours entre la piscine du village où mon père était maître-nageur et le Bassin des Musards où l’on faisait des bêtises. »
Un mois et demi après la fin des JO de Paris, qu’il a dû abandonner, le cœur lourd, en raison d’une blessure, Kevin Mayer va initier 200 participants, d’âges divers, au décathlon. Pour tenter d’effacer cette image de lui, à Charléty le 7 juillet, hurlant de douleur sur la piste lors du 110 m haies. « Ce n’est pas ça que je veux montrer, c’est ça qui est embêtant. Or, tous les moments difficiles sont là pour te rappeler les efforts que tu as fournis pour les surmonter. Si tu refuses l’obstacle à chaque fois, tu ne t’en rends pas compte. Rester trop à l’aise ne permet pas de profiter du confort. Le décathlon est un très bon moyen de profiter de chaque petit plaisir de la vie car quand tu arrives au pôle et que tu es au bout du rouleau, tu peux légitimement te dire : je n’étais pas si mal sous ma couette à regarder Netflix en mangeant des sushis. Donc, la fois d’après, tu en profites trois fois plus. »
Quand je vois le sourire sur leur visage à la fin et qu’ils vont vers leurs parents avec un grand sourire en montrant leur médaille, je sais que j’ai gagné.
Kevin Mayer
« Je sens que les jeunes sont réceptifs à mon message »continue à être le détenteur du record du monde de la discipline. « J’aborde d’abord le décathlon par le jeu. Je le rends plus accessible et si ces enfants apprécient la journée, ils n’ont qu’à aller s’inscrire dans un club. Et puis à la fin de la journée, ils repartent avec leur petit diplôme de décathlonien et ils adorent ça. Ce sont de belles journées, tellement profitables en termes de passion. Quand je vois le sourire sur leur visage à la fin et qu’ils vont voir leurs parents avec un immense sourire en montrant leur médaille, je sais que j’ai gagné. »
Quant à savoir si cette journée peut aussi l’aider à tourner la page de Paris 2024, forcément douloureuse pour lui, l’athlète se veut clair : « J’ai déjà ouvert un nouveau chapitre. Deux jours après ma blessure, c’était fait. Cette Mayer Experience nourrit donc pour moi un objectif de vie global, à savoir mettre le plus de monde possible dans le sport, et si possible dans le décathlon. À travers la Mayer Experience, je souhaite aider les jeunes décathloniens qui passent du junior à l’espoir et qui sont en difficulté. Je souhaite apporter ma pierre à l’édifice pour que la France soit une nation sportive. Cela se fera petit à petit. Cela passe aussi par mes résultats et mon discours après ceux-ci. Mais cela passe aussi par mes échecs et mes discours à ces moments-là. Il faut insuffler cette envie de rebondir, cette résilience. Si à chaque fois que je me blesse, je lâche tout, ce n’est pas un bon exemple. Je souhaite créer une émulation autour de l’idée de tout donner pour gagner, et aussi de rebondir en cas d’échec. » L’un ne va pas sans l’autre, et Kevin Mayer, au cours de son impressionnante carrière, n’a jamais manqué une occasion de le démontrer.