Débat sur le retour au service militaire obligatoire, campagne de recrutement, augmentation du budget militaire français, depuis le début de l’invasion en Ukraine, l’Europe se réarme face à la menace russe. Le spectre de la guerre refait surface sur le continent européen avec Russie de Vladimir Poutine. Pologne, Suède, Italie, Danemark, Norvège, les gouvernements européens sont en alerte et veulent se préparer au choc d’un conflit qui pourrait traverser leurs frontières.
Et depuis Donald Trump, Le président des Etats-Unissuggérant qu’il pourrait abandonner l’Europe en cas d’attaque, le débat gagna en intensité.
Avec sa position stratégique au cœur de la Méditerranée, quel rôle pourrait jouer la Corse en cas de conflit généralisé ? Revue des troupes insulaires.
La présence militaire en Corse
Les deux principaux sites d’activité militaire sur le territoire insulaire dépendant du Ministère des Armées sont le Base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara et le 2e Régiment étranger de parachutistes basé à Calvi. On y trouve également la base navale d’Aspretto et les sept sémaphores de la Marine nationale (La Parata, Pertusato, Cap Corse, Alistro, Sagro, Île Rousse, la Chiappa) qui surveillent le trafic maritime.
- Base aérienne 126 de Ventiseri-Solenzara
La base aérienne occupe 600 hectares entre la RT 10 et la côte est de la Corse. Environ 750 personnes sont présentes sur le site qui accueille les escadrons de passage venus dans le cadre des campagnes de tir. « Elle se présente comme un élément capital du dispositif militaire français, européen et international en Méditerranée au même titre que les autres bases aériennes installées en Sicile, en Sardaigne, en Crète, à Chypre, aux Baléares, en Turquie et en Syrie. Située en pleine mer Méditerranée, elle sert notamment de base de départ aux avions de l’OTAN, que ce soit pour des opérations comme celles menées en ex-Yougoslavie ou en cas de crise en Méditerranée. Il est également utilisé pour les exercices aériens. -sol et air-air », explique le colonel Pamart, commandant du BA126 et commandant de la base de défense.
Arrivé en août dernier, cet ancien pilote de chasse Mirage2000 Et Rafale précise que la base contribue à la fois aux missions opérationnelles mais également à la préparation opérationnelle des forces de combat.
« Le principal aspect opérationnel est notre mission de secours et de sauvetage avec l’escadrille d’hélicoptères. Nous n’avons pas d’avions basés ici toute l’année, mais cinq hélicoptères, la seule unité volante qui assure également une mission de sauvetage antiterroriste. En opération directe nous avons également une mission de base de projection en accueillant certaines missions qui peuvent être de police aérienne. Nos personnels de base sont également projetés dans des opérations extérieures à l’étranger ou sur le territoire national. précise le colonel qui a également occupé divers postes à l’état-major.
Aussi, de par sa position stratégique au cœur de la Méditerranée, la Corse représente une zone de déploiement. Par exemple, le niveau d’urgence national a été projeté sur la base en août dernier. 350 militaires arrivent à la base aérienne 126 avant d’être déployés au Niger pour participer au désengagement des troupes françaises.
- 2ème Régiment Etranger Parachutiste de Calvi
Héritier de ces unités étrangères engagées dans tous les combats en Indochine comme en Algérie, le 2e Régiment étranger de parachutistes est créé le 18 novembre 1955. Le 2e REP est stationné au Camp Raffalli, à Calvi. En incluant la zone de saut attenante et le terrain d’entraînement d’Alzetta en bord de mer, la superficie est de 200 hectares.
» Fort d’un effectif d’environ 1 350 cadres et légionnaires, c’est un régiment d’infanterie : sa raison d’être est donc le combat à pied. Il est capable de combattre soit sous blindé (comme les autres régiments d’infanterie), soit à pied après avoir été placé par saut. . Il peut être déployé en opérations soit en alerte (généralement il est en alerte 3 mois par an) soit dans le cadre de missions planifiées. explique le colonel Baptiste Thomas, commandant du 2e régiment étranger de parachutistes.
Le 2ème REP dispose également du camp d’entraînement Frasselli, d’une superficie de 7km2, au nord de Bonifacio.
Située à Ajaccio, la base navale d’Aspretto occupe une superficie de 8 hectares. Elle a été officiellement inaugurée le 5 février 1938 en tant que base aéronavale (BAN), mais depuis 1985 aucune unité aéronavale n’a été affectée en Corse et la BAN d’Aspretto a été dissoute le 22 septembre 1993.
La base était également connue comme terrain d’entraînement des nageurs de combat de la DGSE qui ont quitté la base en 1986 suite à l’affaire Rainbow Warrior.
« Aujourd’hui, les principales missions de la base sont centrées sur l’action de l’Etat en mer. Nous ne disposons pas de capacité militaire offensive mais nous accueillons un grand nombre d’administrations qui œuvrent pour l’action de l’Etat en mer comme Cross Med, la SNSM, les douanes, la brigade nautique de gendarmerie pour lutter contre la pollution en mer, le PGHM, les unités de sécurité civile, développe le capitaine de frégate Grégoire Chavignot, commandant de la base navale d’Aspretto, commandant de la marine en Corse, et délégué militaire départemental de Corse-du-Sud, précisant que la base occupait à l’époque 17 hectares et accueillait 800 militaires, conscrits compris. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une cinquantaine sur la base, rattachés au ministère des Armées.