L’Europe se lance dans des vaisseaux spatiaux
Après les lanceurs Ariane, l’Europe entend développer des vaisseaux spatiaux pour accroître son autonomie dans l’espace et moins dépendre des Américains. Mercredi 22 mai, à l’occasion du Sommet européen de l’espace, qui se tient pendant deux jours à Bruxelles pour discuter de l’avenir du secteur, l’Agence spatiale européenne (ESA) a annoncé avoir sélectionné deux entreprises parmi les sept candidates pour développer un vaisseau cargo capable de transporter des marchandises vers la Station spatiale internationale (ISS) puis de revenir sur Terre.
Il s’agit de la start-up franco-allemande The Exploration Company et du groupe franco-italien Thales Alenia Space (TAS). L’idée serait de sélectionner rapidement une troisième entreprise, sachant que deux autres constructeurs ont été sollicités pour préciser leur projet. L’ESA aura ainsi plusieurs fournisseurs, comme la NASA, qui utilise les capsules Dragon de SpaceX pour ses missions vers l’ISS et espère disposer d’un deuxième véhicule avec le Boeing Starliner.
Cet appel à la concurrence est une première et marque un tournant car, jusqu’à présent, les grands projets ont toujours été développés par des agences nationales ou européennes et financés par les États.
Une « notion de partenariat avec l’industrie »
« Ce sera un véhicule de service qui n’appartiendra pas à l’ESA, les constructeurs pourront le vendre à d’autres clients », insistons-nous au siège de l’agence à Paris, pour marquer clairement l’évolution. « Nous souhaitons introduire la notion de partenariat avec l’industrie en apportant un certain niveau de financement en complément de leurs apports privés. » Pour la phase 1, qui durera deux ans, les sélectionnés se partageront un budget de 75 millions d’euros. En échange, ils devront assurer au moins 20% du financement sur cette période, et au moins 40% pour toutes les phases 1 et 2. Cette dernière, celle du développement à partir de 2026, sera plus conséquente puisqu’elle entraînera un vol de démonstration.
Une autre particularité de cette initiative est sa rapidité d’exécution. A peine six mois se sont écoulés entre le lancement de l’appel d’offres, en décembre 2023, et le choix des entreprises européennes aujourd’hui, sachant que les intéressés ont déposé leurs dossiers en février. De plus, le calendrier s’annonce serré.
The Exploration Company, la start-up créée il y a trois ans par Hélène Huby, prévoit de lancer sa capsule en novembre 2027 Nyx, ainsi appelée en référence à la déesse de la Nuit, dans la mythologie grecque. Le navire sera assemblé à Munich et le système de propulsion fabriqué à Mérignac, en Gironde. Un démonstrateur baptisé « Bikini » en raison de sa petite taille (60 centimètres de diamètre et 40 kilos) décollera lors du premier vol d’Ariane-6 en juillet. De son côté, c’est à Turin que TAS assemblera son cargo réutilisable pour un premier vol en 2028.
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