L’Europe, à la traîne par rapport aux États-Unis, doit absolument améliorer sa productivité, prévient Mario Draghi
Dans un rapport très attendu, l’ancien Premier ministre italien qualifie cet objectif de « défi existentiel » et appelle également l’Europe à recourir à de nouveaux prêts communs pour stimuler la productivité.
L’Europe a subi un déclin économique par rapport aux États-Unis et devrait émettre une nouvelle dette commune pour améliorer sa productivité et renforcer sa sécurité, a-t-il ajouté. « défi existentiel »Mario Draghi a mis en garde lundi dans un rapport très attendu.
Après le succès du plan de relance historique post-Covid de 800 milliards d’euros, l’UE devrait « continuer à émettre des instruments de dette communs pour financer des projets d’investissement communs visant à accroître la compétitivité et la sécurité de l’UE »a déclaré l’ancien Premier ministre italien, soulignant la « fossé » liens économiques qui se sont développés avec les États-Unis. « Les besoins d’investissement sont énormes »a-t-il martelé lors d’une conférence de presse à Bruxelles en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Insistant sur la nécessité d’une « changement radical » Dans l’approche européenne, il a présenté certaines de ses « 170 propositions ».
L’idée d’émettre un nouvel emprunt commun, soutenue notamment par la France, reste cependant une ligne rouge pour de nombreux pays européens du Nord de l’Europe comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, qui craignent d’être sollicités pour contribuer plus lourdement pour rattraper les retards des pays du Sud. Mario Draghi reconnaît qu’un tel projet ne sera possible que si « si les conditions politiques et institutionnelles sont réunies ». Tout d’abord, il souligne la nécessité de mobiliser des capitaux privés pour financer l’innovation à travers la création d’un véritable marché du travail. « Union des marchés des capitaux ».
« Un défi existentiel »
« Le revenu disponible réel par habitant a augmenté presque deux fois plus aux États-Unis qu’en Europe depuis 2000 »« C’est ce que prévient l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), dans ce document de 400 pages commandé par Ursula von der Leyen. Le rapport devrait inspirer le travail de la nouvelle Commission européenne pour les cinq prochaines années. »
L’UE est enlisée dans la stagnation économique depuis un an et demi. Elle a moins bien résisté à la crise provoquée par la pandémie en 2020 que les États-Unis, comme elle l’avait fait lors de la crise financière de 2008. Ce déclin s’explique « principalement en raison du ralentissement plus marqué de la productivité en Europe » et représente une menace pour son modèle social, souligne Mario Draghi. « Si l’Europe ne parvient pas à devenir plus productive, nous serons contraints de faire des choix. Nous ne pourrons pas devenir un leader dans les nouvelles technologies, un modèle de responsabilité climatique et un acteur indépendant sur la scène mondiale. Nous ne pourrons pas financer notre modèle social. Nous devrons revoir à la baisse certaines, voire toutes, nos ambitions. C’est un défi existentiel. »il souligne.