A moins de six semaines de l’élection présidentielle américaine, il s’agissait de frapper fort. Le sponsor d’un faux enregistrement de Joe Biden, diffusé lors des primaires démocrates de janvier parmi 5 000 électeurs américains, a été condamné jeudi 26 septembre à une amende de 6 millions de dollars (environ 5,4 millions d’euros), par la Federal Communications Commission (FCC), l’agence indépendante chargée de réguler les télécommunications. Une somme de nature à dissuader de futures initiatives similaires. « Soyons clairs : si vous inondez nos téléphones de ces ordures, nous vous retrouverons et vous paierez »a déclaré la présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, selon l’agence de presse Bloomberg.
À l’époque des faits, l’auteur du faux, Steve Kramer, était consultant auprès de Dean Phillips, candidat démocrate en compétition avec Joe Biden dans la course à l’investiture présidentielle. Pour imiter la voix du président, ce professionnel aguerri avait utilisé un outil d’intelligence artificielle (IA) sans en informer son équipe de campagne, selon ses déclarations.
Ce deepfake était censé dissuader certains groupes d’électeurs de se rendre aux urnes : « Votre vote fera la différence en novembre, pas ce mardipourrait-on entendre dans le message. Voter ce mardi ne fera qu’aider les républicains à faire réélire Donald Trump. » Devant les journalistes de NBC, Steve Kramer déclarait en février : «C’était une façon pour moi faire une différence, et ça a marché (…). Pour 500 $, j’ai obtenu un effet équivalent à 5 millions de dollars. »
Steve Kramer a également reconnu avoir déjà utilisé le même procédé pour imiter la voix du sénateur républicain Lindsey Graham lors d’un appel automatique envoyé à trois cents personnes. Lingo Telecom, l’opérateur qui acheminait ces messages vers les électeurs américains, a également été condamné à une amende d’un million de dollars (0,9 million d’euros).