Lettre ouverte à Jordan Bardella
Chère Jordan, le 17 juin 2024, tu as parlé à toutes les femmes de France. En tant que destinataire, voici ma réponse. Vous prétendez être « le Premier ministre qui garantira sans relâche à chaque fille et à chaque femme de France leurs droits et libertés. » Vous vous concentrez sur l’immigration en affirmant qu’aucune femme ne devrait avoir peur de se promener dans la rue, à aucun moment. Il est indéniable que nous devons jouir pleinement de notre liberté de mouvement.
Cependant, vous ne traitez que 10 % des violences sexuelles, perpétrées par des inconnus. La gauche, peut-être à tort, n’aborde pas assez ce sujet, refusant d’alimenter votre rhétorique haineuse. Il est temps qu’elle reprenne la question de la sécurité, afin de ne pas vous laisser le monopole de ce débat crucial.
Or, vous ignorez les 90 % des violences sexuelles infligées par des proches. Que proposez-vous pour ces attaques ? Qu’en est-il de la majorité des femmes, victimes non pas d’inconnus, mais de personnes qu’elles connaissent intimement ? Tu n’as rien dit. Parce que vous refusez probablement de reconnaître le caractère systémique de
les violences faites aux femmes, qui touchent toutes les couches sociales, quelles que soient leurs origines. Vous ignorez les statistiques, les études, les rapports.
Peut-être trouvez-vous du réconfort dans l’idée d’un « bon Français » qui ne violerait pas ? Vous murmurez-vous le soir, devant le miroir : « Jordan, tu es un homme bien, un bon Français, tu ne violes pas ta femme » ? Ou bien êtes-vous pleinement conscient des absurdités que vous propagez, en choisissant délibérément de manipuler l’opinion publique à vos fins électorales ?
Si vous gardez le silence sur ces 90 % de victimes, c’est aussi parce que leurs agresseurs sont souvent vos électeurs. Cet homme, très français, bien intégré, qui viole « sa » femme, « sa » fille, « sa » nièce ou « sa » voisine. Ceux qui pensent que des femmes comme moi militent pour leurs droits exagèrent. Ceux qui nous envoient des messages obscènes : « Quand je t’entends, j’ai envie d’être le plus stupide des hommes et de te mettre ma bite au visage pour te faire taire, espèce de féministe mal foutue. »
Vous qui prétendez renforcer les sanctions, que pensez-vous du manque flagrant d’enquêtes sérieuses sur ces affaires ? Tu n’as rien dit. Et vous ne direz jamais rien pour les droits des femmes. Car ce que vous défendez, c’est une vision essentialiste et archaïque de la « femme » et de l’« homme », où chacun suit docilement un rôle prédéfini par des normes sociales dépassées. Nous continuerons de nous opposer à l’extrême droite, sur les réseaux et dans la rue, quitte à être, encore et toujours, la cible de menaces de viol de la part de vos partisans.
Face à l’extrême droite, ne lâchez rien !
C’est étape par étape, argument contre argument, qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des fauteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, apportons une autre voix à ce débat public de plus en plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.