L’étrange campagne de Lucie Castets à Matignon
Si tout s’était bien passé, elle serait en train de visiter la tour de Pise sous la chaleur toscane, avant de savourer un bon spritz bien frais. Au lieu de cela, Lucie Castets a tout annulé pour accepter un job d’été plutôt inhabituel : forcer Emmanuel Macron à la nommer Premier ministre, alors qu’il ignorait son existence il y a deux semaines. C’est assez romantique, mais quiconque croise Lucie Castets depuis mardi 23 juillet, date de son irruption dans la vie politique française, ne semble pas avoir d’inquiétude : cette haute fonctionnaire de 37 ans a tout l’aplomb nécessaire. Et elle subit d’ailleurs sa première grosse pression.
Mercredi 31 juillet, Le canard enchaîné révèle que la candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à Matignon a pris des congés payés plutôt que de prendre congé pour commencer sa « campagne ». Des élus parisiens de droite alertent alors le procureur de la République sur « violation de son devoir de confidentialité ». Elle écarte la controverse. « Je suis très calme. Il n’y a aucun problème juridique. », elle répond à Monde, Vendredi 2 août au matin. Elle a des affaires plus urgentes à régler. Elle a bientôt rendez-vous, en visioconférence, avec les quatre chefs de file du NFP : Marine Tondelier pour Les Ecologistes, Fabien Roussel pour le Parti communiste français, Olivier Faure pour le Parti socialiste (PS) et Manuel Bompard pour La France insoumise (LFI). L’enjeu est là, l’ampleur du défi. « Le jour où nous sommes appelés, nous devons être prêts » –, Et ces rencontres qui commencent toujours de la même façon : « Je leur dis ce que je compte faire. »
Lucie Castets parle à la première personne, car elle veut démontrer son autorité, alors qu’elle doit simultanément mener à bien trois tâches herculéennes : d’abord, décliner le programme NFP selon une mise en œuvre encore à l’étude. Depuis ses premières interviews, son message n’a pas varié : « Je ne contredirai pas le programme NFP, qui est ma base de travail »selon ses priorités, « la transition écologique, le pouvoir d’achat et la reconstruction de services publics dégradés. »
Faire passer des lois à la majorité relative ? Pas facile, en effet… « Il est impossible d’avoir une coalition globale à l’Assemblée, mais c’est possible, texte par texte, avec des députés de la majorité sortante. Comment ne pas imaginer un large consensus sur la revalorisation des salaires de nuit des infirmières ? »
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