l’étonnant relooking, dans le sillage de la Citroën Ami
Avant-hier, c’était encore l’apanage parfois stigmatisant d’une France privée de permis. Des conducteurs âgés ou maladroits aux automobilistes bien trop enclins à boire pour être honnête, ces pots de yaourt se sont retournés contre eux en toute indiscrétion à travers les banlieues et les campagnes. Grâce à la crise sanitaire autant qu’à un changement de législation, ils sont désormais élevés au rang de petites stars parmi les allées du Mondial de l’Auto de Paris. Entre autres Ligier, Aixam ou Bagnole, une dizaine de constructeurs s’y sont garés sous le nez et la barbe pleine des puissants SUV. « Sur les quatre dernières années, les VSP (véhicules sans permis, NDLR) ont vu leurs ventes doubler en France, passant de 13 736 immatriculations en 2019 à 26 238 l’an dernier », confirment les organisateurs du salon.
Maintenant à partir de 14 ans
Outre la nouvelle possibilité de les conduire (1) dès 14 ans au lieu de 16 ans, les voiturettes bénéficient d’un effet d’aubaine et de mode urbaine – limitée à 45 km/h, les VSP sont interdites sur les voies rapides –, notamment auprès des adolescents. « Aujourd’hui, six de nos clients sur dix n’ont jamais pris leur permis, et seulement 3 % font l’objet d’une suspension ou d’un retrait », insiste Tom Faget, directeur commercial et marketing du groupe. Aixam, leader du marché français et même européen. « Dans le même temps, l’âge moyen des acheteurs ne dépasse plus 40 ans. »
« Le milieu rural reste pour nous un marché, mais aujourd’hui nous nous concentrons sur la périphérie des zones urbaines »
Le principal moteur de cette accélération sans précédent est la question sécuritaire, du moins son prétexte. « Bien sûr, la plupart des parents préfèrent savoir que leurs enfants sont à l’abri sur une carrosserie plutôt que sur un scooter », répète Tom Faget. « Au moins, dans nos machines, ils ne pourront pas faire de cabriolet. » Et de reconnaître au passage le gros coup de pouce donné involontairement par Citroën et l’incroyable succès médiatique de sa petite Ami électrique, déjà vendue à 65 000 exemplaires dans 17 pays. « Ils ont contribué à faire connaître le quadricycle sous un nouveau jour et toute la filière en profite, y compris l’Italie et l’Allemagne », insiste le dirigeant, en évoquant l’inauguration de sa nouvelle usine dans la Drôme.
Jeunes cadres urbains
Chef de gondole du magasin VSP, voici l’Ami parfois stationné en file indienne à proximité de quelques collèges et lycées privilégiés. Et de devenir contagieux chez les jeunes cadres ou parmi les personnels de certaines administrations. « Le milieu rural reste un marché pour nous, mais nous nous concentrons aujourd’hui sur la périphérie des zones urbaines, où l’offre de transports en commun ne sera jamais parfaite », insiste-t-on chez Aixam.
Pleinement dans le sillage des Citroën en plastique produites au Maroc et vendues ici à moindre coût (7 990 euros hors bonus), ses nombreux concurrents s’offrent alors un relooking spectaculaire, alignant toujours plus leurs lignes sur celles des SUV à la mode. Mentions spéciales, et tout de même plus originales, pour la Fiat Topolino, la nouvelle Renault Mobilize Duo, l’étonnante Kilow du groupe Savoy, ou encore la jolie petite suisse Microlino.
(1) Le quadricycle « léger » s’obtient avec le permis AM – apprenti motocycliste, anciennement BSR – après huit heures de formation pratique.