L’étonnant mensonge de Monique van der Vorst, l’athlète paralympique qui a miraculeusement retrouvé l’usage de ses jambes


Après avoir remporté deux médailles d’argent aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008, la cycliste néerlandaise, paralysée des deux jambes, a retrouvé une mobilité complète début 2010, suscitant la fascination de la presse jusqu’à sa disgrâce.

«Après un tel cadeau, je n’attends plus rien du Père Noël», murmurait-elle au Journal de Québec le 24 décembre 2011. La presse dans un portrait intitulé : « Le miracle a un nom : Monique van der Vorst ». « Je ne veux plus jamais m’asseoir. Désormais, je veux marcher, faire du vélo, courir. » Athlète handisport néerlandaise spécialisée en handbike, Monique van der Vorst était connue jusqu’alors pour avoir remporté deux médailles d’argent aux Jeux paralympiques de 2008 à Pékin, alors qu’elle était confinée dans son fauteuil roulant. Devenue paraplégique suite à un accident à l’âge de 13 ans, elle avait acquis une reconnaissance dans son pays et dans le monde sportif. Jusqu’à ce qu’un soir, dans une chambre d’hôpital, elle retrouve miraculeusement l’usage de ses deux jambes et découvre une nouvelle vie. Récit.

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Touché par la grâce

C’est en mars 2010 que l’athlète de haut niveau débute son entraînement régulier sur une route de Majorque, aux Baléares. A cette époque, Monique van der Vorst a 26 ans, paralysée des deux jambes depuis l’âge de 13 ans suite à un accident de la route en 1998, et est une star dans son pays. Malgré son apparence juvénile, la jeune femme blonde, née à Gonda aux Pays-Bas, est devenue une icône du handisport en remportant deux médailles d’argent aux Jeux paralympiques de 2008 à Pékin dans la catégorie handbike – un appareil spécialement conçu pour les paraplégiques. Alors que le printemps commence à fleurir, Monique se sent confiante pour commencer son entraînement. Mais alors qu’elle s’élance, elle est heurtée par un autre athlète, un accident qui la conduit dans un établissement de sa ville natale, en Hollande, pour une hospitalisation de trois mois.

Les médias se sont vite inquiétés, car le sort semblait jouer contre la jeune femme. Plusieurs mois avant Pékin, Monique avait déjà été victime d’une collision, cette fois avec une voiture, alors qu’elle s’entraînait à Tampa Bay, en Floride. Avec de lourdes conséquences : en plus d’être paralysée des jambes, le choc avait provoqué une rupture de la moelle épinière. Face à ce contexte, les médecins s’étaient alarmés. Et pourtant : un soir, allongée immobile sur son lit, l’athlète a ressenti des spasmes. « L’inactivité me rendait folle. Et les spasmes m’épuisaient en plus de provoquer des douleurs insupportables. Pire encore, mon corps s’atrophiait au point que je n’avais plus qu’une main qui répondait », expliquait-elle toujours dans La presse. Une nuit, j’ai commencé à serrer le poing pour reprendre un peu de force dans cette main. C’est là que j’ai senti un chatouillement dans un de mes pieds. Les médecins ont fait des examens. Ils n’ont rien trouvé. Mais même s’ils ne comprenaient pas vraiment ce qui se passait, ils m’ont encouragée. Ma jambe a bougé un peu, puis un peu plus. J’ai commencé par quelques pas, puis par rester debout 5 minutes, puis 10. » Trois minutes plus tard, elle marchait.

Monique van der Vorst, capture d’écran d’un reportage du média Brut.
Capture d’écran @Brut

Place au doute

Face au miracle, la presse s’est déchaînée, et Monique s’est laissée happer par les projecteurs. Les projecteurs l’appelaient. Elle est passée sur la BBC, a parlé au micro de la RTBF, et a accepté que les caméras la suivent sur un reportage. D’autant que les choses ont bougé vite : elle a immédiatement repris l’entraînement, au point de devenir cycliste professionnelle, parmi les valides. Elle a aussi débuté son premier marathon en courant l’année de sa convalescence, a parcouru l’Italie jusqu’aux Pays-Bas à vélo en trois jours, et a donné diverses conférences pour partager son incroyable parcours, « son aventure », a-t-elle dit. Véritable miraculée – elle a même reçu la Légion d’honneur dans sa ville natale, des mains du maire -, tout semblait aller pour le mieux pour Monique, qui a également entrepris des études en science des mouvements du corps, entre médecine du sport, biomécanique et physiothérapie. « J’étais une enfant très active, mais j’avais peu de souvenirs de moi en train de courir. C’est merveilleux de pouvoir le faire ! Mais c’est dans les petits détails que je me rends compte à quel point la vie est facile quand on a deux jambes », a-t-elle poursuivi dans le journal. La presse.

Mais alors qu’elle s’engageait dans cette renaissance inattendue, les médecins peinaient à expliquer sa guérison et les doutes finissaient par s’installer. En 2011, alors que sa guérison faisait la une de la presse, de plus en plus de professionnels de santé exprimaient leurs interrogations, voire leurs soupçons. « Je n’ai jamais entendu parler d’un cas de lésion de la moelle épinière où une personne a perdu de la force et des sensations dans les jambes, puis a eu un deuxième accident qui les lui a rendues », expliquait – entre autres – un certain Dr Michael Boninger à NBC News. Et de poursuivre : « La vérité fondamentale est que les accidents ne provoquent pas la régénération des cellules nerveuses endommagées. » D’autant que les langues commençaient aussi à se délier, des témoins affirmant, selon un reportage récemment diffusé par Brut sur les plus grandes affaires de tricherie aux Jeux paralympiques, avoir vu Monique van der Vorst marcher bien avant les Jeux de Pékin et ranger elle-même son fauteuil roulant dans le coffre de sa voiture. Après plusieurs mois de pression, l’athlète n’a eu d’autre choix que d’admettre l’indicible vérité : elle avait, en réalité, toujours été capable de marcher.

Tombée en disgrâce, éjectée de la célèbre équipe cycliste féminine néerlandaise de Rabobank qui l’avait recrutée après sa convalescence, Monique avait jusque-là complètement évité la vie médiatique. Pendant près de dix ans, elle n’apparaîtra nulle part. Ni sur Facebook, ni sur Instagram. Mais depuis 2021, elle met régulièrement à jour son profil sur LinkedIn, s’étant visiblement reconvertie vers la médecine. Outre des conférences données avec une certaine discrétion, on découvre un stage en rééducation et rhumatologie, puis un poste de chercheuse à l’hôpital Jeroen Bosch aux Pays-Bas. Monique van der Vorst aurait également obtenu un doctorat dans une université d’Amsterdam, en se fendant d’une thèse de master sur « les effets de la stimulation électrique des muscles du tronc et de la hanche sur la posture assise, l’extension et la force des bras après une lésion de la moelle épinière ». Une blague.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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