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L’éternel présent de la photographie à Arles – POLITICO


Il est extraordinaire de penser qu’une seule Japonaise a déjà été exposée à Arles : il s’agit de la sereine et poétique Rinko Kawauchi. Et il est déconcertant de constater que dans un pays si riche en tradition photographique, presque aucune jeune artiste japonaise n’a été exposée en dehors de l’archipel – une injustice qui est désormais corrigée, bien que tardivement.

Tokuko Ushioda. De la série ICE BOX, Setagaya Tokyo, 1983. | Avec l’aimable autorisation de l’artiste / Aperture.

Parmi les personnes représentées, c’est Tokuko qui semble être la plus discrète et subversive des chroniqueuses qui, par exemple, documentent avec précision son vieux réfrigérateur et son contenu. On apprend que le réfrigérateur, un cadeau surprise de son mari en 1978 après la naissance de leur fille, appartenait autrefois à des soldats américains d’occupation. Elle a commencé à photographier ce gros appareil bruyant et d’autres objets domestiques pour documenter sa vie, avant de continuer à photographier les réfrigérateurs d’autres personnes dans un acte de « mémorialisme en série ».

Il n’est pas nécessaire d’être un génie pour remarquer comment elle relate subtilement l’oppression en se concentrant sur le banal.

Et puis il y a les œuvres rêveuses et expressionnistes de la talentueuse Lieko Shiga, proposées presque en contraste. Shiga a documenté la « Côte en spirale » après le tremblement de terre et le tsunami qui ont déclenché la catastrophe de Fukushima. « Je crois que la photographie peut capturer une dimension du monde qui est invisible… Je l’appelle parfois le présent éternel », dit-elle.

Passons maintenant aux expositions plus modestes consacrées à des artistes individuels. Dans l’église voûtée et délabrée des Frères Prêcheurs se trouve l’œuvre de Christine de Middel, ancienne photographe de l’agence Magnum. Intitulée « Voyage au centre », d’après le roman de Jules Verne « Voyage au centre de la Terre », l’exposition documente le parcours des migrants depuis Tapachula, dans le sud du Mexique, jusqu’à la petite ville de Felicity, en Californie, aux États-Unis. Mais il ne s’agit pas d’un catalogue de malheurs et de misères, mais plutôt d’une célébration de l’optimisme humain inébranlable.

En racontant les aventures des braves et des téméraires dans une tapisserie joyeuse, la collection comprend des images captivantes, comme celle d’un membre d’un club d’athlétisme pratiquant le saut à la perche sur la plage à côté du mur frontalier. Mais c’est « Obstacle in the Way », qui montre une femme dans un lac debout devant un arbre mort, scrutant au loin une chaîne de montagnes, qui est peut-être l’image la plus captivante de toute l’Arles cette année.


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