L’État renouvelle ses promesses de soutien à l’industrie automobile
Les professionnels de l’automobile, mis sous pression par la faiblesse du marché et la concurrence chinoise croissante, comptent sur le soutien à long terme de l’État et des collectivités dans le nouveau contrat stratégique.
Par coïncidence, l’ensemble de la filière automobile française se réunit ce lundi à Bercy alors que le président chinois Xi Jinping entame sa visite officielle en France. Face à la domination chinoise dans la production de véhicules électriques, les représentants des entreprises du secteur, les ministres de l’Économie, de l’Industrie et du Travail, ou encore les organisations syndicales, forment pour la première fois un front unique pour garantir la survie des usines et des emplois dans le pays. l’industrie automobile en France, soit près de 900 000 salariés dont 350 000 en production.
Le nouveau contrat stratégique de la filière automobile, engagement réciproque entre l’Etat et l’ensemble de la profession, dont la signature était attendue depuis plusieurs mois, a enfin été signé. Pas de révolution au menu. Il n’y aura pas de nouveaux efforts budgétaires destinés à accompagner la transition vers l’électricité, mais un cap maintenu et la présence de nouveaux acteurs autour de la table : les représentants de trois syndicats, la CFDT, FO et la CFE-CGC.
Trois syndicats ont signé le contrat
» Les organisations qui représentent les salariés n’ont pas vocation à jouer le rôle de figurants souriants sur la photo.précise Olivier Lefebvre, le secrétaire fédéral de FO-métaux. Notre objectif est de défendre les intérêts de ceux qui soutiennent l’industrie, leurs emplois et le maintien des usines sur notre sol. C’est pourquoi nous refusons de voir notre industrie automobile mourir à petit feu. Les pouvoirs publics ont le même intérêt que nous : maintenir l’emploi en France. Les constructeurs automobiles français ont aussi un objectif commun avec nous : ne pas céder à la concurrence étrangère qui produit des véhicules à l’autre bout de la planète. »
Lire aussiVoiture électrique : autopsie d’une panne
L’engagement des organisations syndicales est le bienvenu. Les défis se sont multipliés lors du précédent contrat stratégique signé en 2019 qui courait jusqu’en 2023 : la crise liée au Covid, les pénuries de composants, la guerre en Ukraine et ses conséquences géopolitiques, la fin des véhicules thermiques en 2035 implantés en Europe, la montée en puissance de la Chine en le secteur électrique, etc. ont accru la pression sur les entreprises et fragilisé les sous-traitants.
Depuis, l’industrie automobile française peine à retrouver des forces. La production de véhicules (véhicules particuliers et utilitaires légers) en France a diminué de façon spectaculaire, passant de 3,5 millions d’unités en 2005 à 2,16 millions en 2019 et à 1,5 million en 2023. Les ventes de voitures particulières neuves ont également plongé : elles sont passées de 2,2 millions en 2019 à 1,8 million en 2023 en France, dont un peu moins de 300 000 100 % électriques.
2 millions de véhicules électrifiés « made in France »
Comment dans ces conditions atteindre les objectifs fixés fin 2021 par Emmanuel Macron ? Lors de la présentation du plan France 2030, le président a esquissé la feuille de route : produire à cette date deux millions de véhicules « électrifiés », c’est-à-dire des véhicules 100 % électriques, hybrides et hybrides rechargeables par an. Sachant qu’en 2035, tous les nouveaux hybrides, considérés comme des véhicules thermiques, seront bannis des concessions en Europe.
Lire aussiL’Europe et la France se mobilisent pour protéger l’industrie automobile
La France n’a pas le choix. Pour réduire de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030, l’industrie automobile devrait accélérer le nombre de ventes de véhicules particuliers électriques pour atteindre 800 000 unités par an à partir de 2027, contre près de 300 000 en 2023. Le volume des utilités électriques et hydrogène le nombre de véhicules devrait passer de 30 000 en 2023 à 100 000 en 2027, selon le secrétariat général de la planification écologique.
» L’État ne va pas vous laisser tranquille ! », promettait le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, en octobre dernier, conscient que l’industrie automobile allait devoir « passer du siècle thermique au siècle électrique en quelques années « .
1,5 milliard renouvelé en 2025
Six axes ont été redéfinis pour répondre aux enjeux technologiques, industriels et sociaux : gagner en compétitivité en soutenant l’innovation, renforcer l’attractivité du secteur, assurer sa souveraineté, accélérer la transition énergétique et écologique, favoriser l’économie circulaire, renouveler le parc automobile et développer de nouvelles formes de mobilité. Parallèlement, l’État s’engage à faire en sorte que les infrastructures de recharge soient dynamisées. Le nombre de bornes de recharge publiques devrait passer de 100 000 actuellement à 400 000 en 2030.
Au fur et à mesure de la croissance du marché, les montants alloués seront ajustés en fonction des lois de finances.
Ministère de l’économie
Le nouveau contrat prévoit que l’enveloppe budgétaire de 1,5 milliard d’euros destinée en 2024 au bonus écologique, au bail social, à la prime à la conversion, etc. sera renouvelée en 2025. » Au fur et à mesure de la croissance du marché, les montants alloués seront ajustés en fonction des lois de finances. », précise néanmoins Bercy.
Ce nouveau pacte n’a peut-être pas la même ambition politique que le précédent. Mais le gouvernement ne dispose pas des mêmes marges de manœuvre budgétaires. Elle a le mérite de relever les enjeux majeurs d’une transformation à haut risque.