Promettre des aides à l’achat d’une voiture électrique, c’est facile, mais lorsqu’il s’agit de payer, l’État est absent. Le problème est que les concessionnaires ont avancé de l’argent, ce qui creuse un trou de plus en plus grand dans leur trésorerie.
Lorsqu’un client achète une voiture électrique bénéficiant d’aides gouvernementales (bonus, leasing social…), ce sont les concessionnaires qui avancent le montant de l’aide, afin que l’acheteur n’ait pas à entreprendre de fastidieuses démarches. L’État verse ensuite l’argent aux concessionnaires dans un certain délai pour régulariser le dossier. Quoi qu’il en soit, c’est la théorie.
Dans la pratique, les concessionnaires se retrouvent à avancer les fonds, mais l’État ne rembourse pas les sommes dues, ou alors avec des délais extrêmement longs. Ce qui met les professionnels de l’automobile dans une situation plus qu’inconfortable pour leur trésorerie. C’est ce que soulève un article du média Auto Infos du 15 mai.
Au moins 100 millions d’aides impayées
Le crédit-bail social a aggravé une situation déjà compliquée depuis plusieurs années entre les concessionnaires et l’organisme (ASP) qui doit verser les aides. Le leasing social est une nouvelle mesure d’aide, introduite en 2024, pour permettre aux ménages modestes d’avoir accès au leasing de voitures électriques pour un montant compris entre 50 € et 150 €/mois. Ce système correspond principalement à une subvention de 13 000 € sur un nombre limité de modèles (et de fichiers).
Les concessionnaires se retrouvent donc à couvrir jusqu’à 13 000 € sur des véhicules d’une valeur comprise entre 25 000 € et 35 000 €. Ils achètent généralement le véhicule aux constructeurs à un prix élevé, sans disposer d’une grande marge sur chaque modèle, et ont besoin du remboursement de l’aide anticipée dans un délai raisonnable. Déjà qu’ils le font aussi pour le bonus écologique (4 000 € ou 7 000 €) et les primes à la conversion (jusqu’à 1 500 €), cela commence à représenter des sommes particulièrement importantes pour certains constructeurs. Au moins 100 millions n’ont pas été redistribués aux concessionnaires, uniquement pour le leasing social.
La plateforme de dépôt des dossiers d’acquéreurs avait déjà été lancée bien après les annonces d’aides de 2024, et les dossiers ont rapidement créé des arriérés à traiter. Mais d’autres problèmes bloquent également le traitement des fichiers. Cependant, les concessionnaires ont continué à livrer des voitures aux clients.
Des concessionnaires qui menacent de ne plus livrer les clients
Pour certains groupes de distribution, jusqu’à 8 millions d’euros ont déjà été avancés pour les aides 2024, et qui creusent un trou béant dans la comptabilité du groupe. L’article d’Auto Infos précise même que les concessionnaires se retrouvent obligés d’emprunter pour pouvoir couvrir les déboursés.
La grogne commence à monter et de nombreux concessionnaires sont prêts à stopper les livraisons de voitures électriques aux clients jusqu’à ce que les remboursements des aides publiques reprennent.
Beaucoup s’inquiètent également de la deuxième tranche du bail social en 2025, craignant de revivre la même situation chaotique deux années de suite. Il a toutefois fallu plus de deux ans et demi au gouvernement pour décréter la mesure, ce qui a laissé suffisamment de temps pour anticiper un peu mieux la situation auprès des différents acteurs. Il ne suffit pas de promettre des incitations fiscales pour stimuler les ventes ; le gouvernement doit alors assumer ses responsabilités et être en mesure de les payer.
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