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l’État était au courant mais pas le président Moetai Brotherson

L’information sur le missile balistique chinois qui s’est posé à proximité de la zone économique exclusive polynésienne mercredi 25 septembre a surpris le fenua à son réveil. Le ministère chinois de la Défense justifie un « entraînement de routine ». De son côté, le Haut-commissariat de la République en Polynésie affirme que la France a été notifiée. Mais visiblement, l’Etat a oublié de prévenir le président de la Polynésie.

« L’État français a-t-il été prévenu en amont de cette manœuvre ? J’aurais préféré, en tant que président de la Polynésie, être prévenu avant la fusillade.» : Moetai Brotherson est surpris d’apprendre mercredi matin qu’un missile balistique chinois s’est posé à proximité de notre ZEE. Ce mercredi après-midi, le Haut-commissariat polynésien a confirmé que la France était informée de cet essai et qu’elle s’exprimerait en temps utile.

Je suis surpris et un peu inquiet. J’aurais préféré être prévenu avant la fusillade.

Moetai Brotherson, président de la Polynésie française

Si c’est un « missile inerte est tombé dans les eaux internationales de l’océan Pacifique » tient à préciser le haut-commissariat, ce type de missile balistique intercontinental reste l’une des armes les plus puissantes au monde et peut transporter des charges nucléaires dévastatrices.

Les autorités chinoises avaient préalablement notifié cet essai à leurs homologues françaises, qui ne manqueront pas de faire connaître leur position sur ce tir.

Communiqué du Haut-Commissariat de la République en Polynésie française

N’y a-t-il vraiment aucune raison de s’inquiéter ? « Il a quand même débarqué pas très loin des Marquises, à la limite de notre ZEE » souligne le président de la Polynésie. « A 700 kilomètres des Marquises, 875 de Bora Bora » comme le détaillent les calculs du chercheur néerlandais Marco Langbroek. « Je suis surpris au début, évidemment un peu inquiet » poursuit Moetai Brotherson.

Et il n’est pas le seul. Teva Rohfristch, sénatrice de Polynésie, a également partagé ses questions en évoquant l’axe Indo-Pacifique. « Cela nous rappelle que nous sommes à un niveau de tension mondiale qui reste très élevé, et que nous ne sommes pas épargnés au milieu du Pacifique. (…) Il ne s’agit pas de crier au loup et de semer la terreur. En revanche, j’ai l’impression que la Chine, qui ne fait pas les choses par hasard selon moi, a simplement voulu rappeler qu’elle est une puissance dans la région et qu’elle peut intervenir avec ses armes. partout dans le Pacifique » estime-t-il.

Sémir Al Wardi, professeur universitaire spécialisé en sciences politiques, rappelle également le défi majeur de la région Pacifique. Au-delà d’un simple test, le tir enregistre « dans un contexte géostratégique entre les nouvelles Routes de la Soie d’un côté et l’Indo-Pacifique de l’autre. Il existe des stratégies militaires, par exemple Pégase 2023, à laquelle la France a participé ; Les Rafale sont venus ici, sont allés en Calédonie, vont à Singapour… L’armée française, l’armée américaine, l’armée japonaise et l’armée australienne participent à des exercices. Il n’est donc pas surprenant que, dans cette compétition géostratégique, la Chine opère également militairement en mer de Chine. » décrit Sémir Al Wardi. Ce qui le surprend en revanche, c’est que cette opération balistique se déroule si loin de la Chine. Ce n’était plus le cas depuis 1980.

Les élus locaux ont bien l’intention de clarifier la situation. Teva Rohfritschcompte réagir à Paris auprès du gouvernement et du président du Sénat pour que nous ayons plus d’explications. La portée de ce message s’il en est et quelles mesures ont été prises par la République pour protéger les populations, en tout cas mieux informer les Polynésiens sur les tenants et aboutissants de cette affaire.« 

Quant au Président de la Polynésie Moetai Brotherson, il pourra rapidement évoquer le sujet avec le Consul de Chine puisque – coïncidence du calendrier – il est invité, ce mercredi soir, à la célébration du 75e anniversaire de la République populaire de Chine. « Je ne manquerais pas de lui donner mon opinion sur ce qui vient de se passer et de lui envoyer une lettre à cet effet.« , indique le président.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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