L’État d’Israël, cette « maison du peuple juif » émancipatrice mais divisée qui ne parvient pas à être « normale »
Yosef Engel est en lui-même un résumé d’Israël. A 78 ans, celui que les médias surnomment « le grand-père d’Ofir », du nom de son petit-fils enlevé dans le kibboutz de Beeri lors de l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, est aussi le fils d’un survivant du camp nazi. Auschwitz-Birkenau. Même si Ofir a été libéré lors de la trêve de novembre, Yosef, le visage rongé par une moustache blanche qui coule sur ses joues et les traits tirés, continue inlassablement de se mobiliser pour les autres otages. Dans la tente dressée devant la résidence du Premier ministre israélien par les familles des personnes kidnappées à Jérusalem, il n’a pas tardé à raconter l’histoire de son petit-fils et de son père. Le premier a vécu une épreuve à Gaza où ses geôliers lui répétaient sans cesse que personne ne voulait de Juifs et que l’État d’Israël n’existait plus, comme il le racontait dès sa libération. Originaire de Slovaquie, le second fut déporté à Birkenau en 1943, où le kapo qui se tatouait un numéro sur la main, « 101 057 », était un ancien camarade de classe, avant de fuir en 1945 et d’arriver en Israël en 1946.
Aujourd’hui, Yosef Engel tisse un lien entre les deux événements : « Je parle de la « Shoah du 7 octobre », dit le vieil homme. Pendant l’Holocauste de 1939 à 1945, les nazis voulaient tuer tous les Juifs ; idem pour le Hamas en octobre ! Pendant l’Holocauste, il n’y avait ni terre ni armée pour défendre le peuple juif. Et pendant les huit premières heures du 7 octobre, il n’y avait ni terre ni armée pour nous défendre », raconte-t-il, ému. Le 7 octobre, le Hamas a tué 1 200 Israéliens en huit heures : c’est en moyenne plus de morts qu’en une heure pendant la Shoah. Nous avons dit « Plus jamais ça », mais cela s’est reproduit. Et je n’explique ni pourquoi ni comment. Cependant, Yosef Engel se dit « fier d’être israélien », considère son pays comme le « seul endroit sûr pour les Juifs, encore aujourd’hui », et leur promet « un grand avenir ».
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