l’État condamné pour avoir été trop lent à améliorer les conditions de détention
Trois ans pour installer des moustiquaires, un an et demi pour changer les fenêtres… La justice, qui avait appelé à une action rapide face aux conditions de détention catastrophiques à la prison de Nouméa, a condamné l’État pour ses délais d’exécution particulièrement longs.
Le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie puis le Conseil d’État, saisis par l’Observatoire international des prisons (OIP), avaient demandé en 2020 au ministère de la Justice de mettre en œuvre en urgence un certain nombre de mesures. « pour mettre fin aux atteintes illégales aux droits fondamentaux des personnes détenues » à la prison surpeuplée du Camp-Est à Nouméa. Face au retard pris par l’administration, l’OIP a de nouveau saisi la justice en février dernier.
Outre les retards dans l’installation des moustiquaires ou le changement des fenêtres, l’OIP a également critiqué l’État pour le retard excessif dans l’exécution des décisions de justice concernant la possibilité pour les détenus de laver leurs vêtements et la mise aux normes des installations. l’électricité, le remplacement des ventilateurs en panne, la prévention des refoulements d’égouts dans les cours de récréation ou encore l’élimination de l’insalubrité des points d’eau et des toilettes dans les quartiers des mineurs.
« Grave violation des droits fondamentaux »
« Délai global d’exécution » décisions de justice pertinentes «est établi à cinquante-cinq mois»loin de « court préavis » réclamée par la justice, note le tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie dans sa décision, rendue le 24 octobre et consultée par l’Agence France-Presse (AFP). « Un tel retard constitue une illégalité fautive engageant la responsabilité de l’Etat »estime le tribunal.
L’Etat a été condamné à verser 1 500 euros à l’OIP, pour préjudice moral résultant du retard dans l’exécution des décisions de justice, « car cela nuit aux intérêts collectifs défendus par l’association ». Interrogé, le ministère de la Justice n’a pas réagi immédiatement.
Dès 2011 puis en 2019, le contrôleur général des lieux de privation de liberté a signalé un « grave violation des droits fondamentaux » à la prison de Nouméa, qui affichait en septembre un taux de densité carcérale de 164 %.
Le précédent ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, avait confirmé après une visite en février qu’un nouvel établissement pénitentiaire serait construit en Nouvelle-Calédonie pour remédier à la surpopulation carcérale. « Ce que j’ai vu » n’est pas « pas digne »dit-il. « Il faut y mettre un terme ». Ces travaux ne devaient toutefois pas débuter avant 2028, pour une livraison en 2032, a-t-il précisé.