L’État abandonne un projet de barrage contesté sur les dernières zones sauvages du fleuve
L’Etat a mis un terme à un projet de barrage sur l’une des dernières zones sauvages du Rhône, a annoncé vendredi 30 septembre la Compagnie nationale du Rhône (CNR), qui portait ce projet d’aménagement très contesté. « Le 29 août, l’État a annoncé sa décision de ne pas poursuivre le projet de construction d’un nouvel aménagement hydroélectrique sur le Rhône, entre Saint-Romain-de-Jalionas (Isère) et Loyettes (Ain). »écrit le CNR dans un communiqué.
Le CNR ajoute « prendre note de cette décision » qui ouvre, « conformément à son contrat de concession, une nouvelle phase de discussion avec l’Etat pour identifier des projets alternatifs liés au fleuve ».
« Risques techniques sur le chantier EPR2 du Bugey »
Selon la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC) du ministère de la Transition écologique, « la raison principale » de cette décision « c’est que les études ont soulevé des risques techniques sur le projet EPR2 du Bugey, qui auraient pu entraîner une augmentation des coûts et un retard dans le calendrier de ce projet, et des enjeux potentiels sur la sûreté de fonctionnement de la centrale nucléaire existante ».
Le dernier projet de cette nature envisageable en France
LE « Projet Rhonergia »Le projet, dont l’idée remonte à 1935 et qui avait fait l’objet d’un premier projet abandonné en 1980, visait à construire un barrage d’ici à 2033 à une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon. Pour un budget estimé à 330 millions d’euros, la CNR envisageait un barrage-usine avec une chute de 6,8 mètres, une retenue de 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et une digue de 4 km.
La CNR, qui supervise déjà 19 barrages hydroélectriques sur le Rhône, estime que « Rhonergie » était le dernier projet de cette nature envisageable en France. Cette infrastructure aurait produit 140 GW/h par an, de quoi couvrir les besoins annuels en électricité de 60 000 habitants. Pour la CNR, ce projet aurait participé « la lutte contre le changement climatique »au renforcement de l’indépendance énergétique de la France et à la réduction des coûts de l’électricité.
« Un soulagement pour la protection de la nature »
Mais ses opposants, réunis dans un collectif qui s’est fait entendre notamment lors de la consultation publique sur le projet cet hiver, estimaient que le coût financier et environnemental du barrage était « trop important par rapport à l’énergie décarbonée » qu’il pourrait fournir.
Jérôme Grausi, maire indépendant de Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), s’est pour sa part élevé contre « artificialisation » de son territoire, l’un des rares espaces non aménagés du Rhône. Vendredi, il a déclaré « très heureux » de la décision de l’État. « C’est un soulagement pour la protection de la nature, de notre territoire et de notre identité »a-t-il indiqué à l’AFP, faisant référence aux vestiges gallo-romains présents sur le site.
«Maintenant, nous restons vigilants»
« La mobilisation contre ce projet a été exceptionnelle, a déclaré Maxime Meyer, conseiller régional de l’Ain et co-président du groupe des Écologistes en région Auvergne-Rhône-Alpes, dans un communiqué. Cela représente désormais un espoir pour tous ceux qui luttent contre les grands projets inutiles et imposés dans notre pays. ».
«Maintenant, nous restons vigilants»a conclu Jérôme Grausi, évoquant d’autres projets environnants, à commencer par deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 que le président Emmanuel Macron a annoncé en juin vouloir voir construits sur le site voisin de la centrale du Bugey.
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