L’espionnage est une pratique utilisée par les équipes masculines et féminines de la Fédération canadienne de soccer depuis des « années », nous apprenons dans un article choc de TSN citant des sources qui ont souhaité garder l’anonymat. À la suite de ces révélations, Canada Soccer a annoncé que l’entraîneur-chef de l’équipe féminine à Paris, Bev Priestman, a été retiré des Jeux et suspendu en attendant la conclusion d’une enquête.
Lors des Jeux de Tokyo 2021, un membre du staff technique de l’équipe féminine médaillée d’or aurait été coupable d’avoir espionné deux séances d’entraînement à huis clos de l’équipe japonaise, révèle le média anglophone.
• Lire aussi : Controverse sur les drones de Canada Soccer : « Nous ne sommes pas des tricheurs », affirme la défenseure québécoise Vanessa Gilles
• Lire aussi : Canada-Nouvelle-Zélande : une victoire « sale comme la Seine »
Des membres de l’équipe masculine se seraient également livrés à cette pratique, notamment en espionnant à l’aide d’un drone une séance d’entraînement des États-Unis avant un match en Floride prévu le 15 novembre 2019, que les Américains ont remporté 4-1.
Les membres du personnel d’entraîneurs ou les consultants de Canada Soccer qui ont espionné les séances d’entraînement l’auraient fait par peur de représailles.
« Il y a eu quelques occasions où les gens ont été poussés à le faire et on leur a dit : « Vous devez donner 110 pour cent et ça fait partie du travail, donc si vous n’êtes pas à l’aise avec ça, vous n’avez pas votre place dans l’équipe » », a déclaré une source de TSN. « Il n’y a pas beaucoup de messages textes qui constituent des preuves parce que c’était un sujet sensible. Certaines personnes qui ont dû filmer les pratiques ou analyser les images ont exprimé leur malaise aux membres du personnel. »
Rappelons que mardi dernier, à trois jours de l’ouverture des Jeux, la fédération canadienne s’est retrouvée au cœur d’une polémique majeure lorsque deux membres du staff technique de l’équipe canadienne ont été congédiés. L’un d’eux, Joseph Lombardi, a été arrêté par la police à Saint-Étienne, dans le sud de la France, après avoir fait voler un drone au-dessus du terrain où la Nouvelle-Zélande, prochain adversaire du Canada, s’entraînait à huis clos. Il a reconnu les faits et a été condamné à huit mois de prison avec sursis.
L’entraîneur adjoint Jasmine Mander a également été limogé après que des SMS compromettants ont été découverts par la police de Saint-Etienne, tandis que l’entraîneur Bev Priestman a décidé de se retirer du match contre la Nouvelle-Zélande.
Le Comité olympique canadien (COC) a ensuite tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a fait valoir que la décision de ne pas suspendre Priestman était due au fait qu’il n’avait aucune preuve qu’elle était au courant des tactiques sournoises employées par certains membres de l’organisation.
Des rumeurs circulaient
Il semblerait que la rumeur circule depuis un certain temps dans le monde du soccer. Jeudi matin, avant la publication de l’article de TSN, l’ancien entraîneur de l’Impact John Limniatis avait mentionné que des rumeurs circulaient selon lesquelles l’espionnage était une pratique courante chez Canada Soccer.
« Je ne suis pas surpris qu’une telle chose se soit produite. Nous entendons des rumeurs depuis plusieurs années et cela ne semble pas être la première fois qu’ils le font. Cela a commencé avec l’équipe masculine », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était évident pour lui que Bev Priestman était au courant des tactiques douteuses des membres de son équipe.
« C’est impossible qu’elle ne le sache pas, c’est impossible. C’est elle qui est en charge de tout. Elle ne savait peut-être pas que ça se faisait à Paris, mais il est évident qu’ils l’avaient déjà fait avant et que quelqu’un avait donné l’autorisation. C’est impossible qu’elle n’ait jamais été au courant de l’utilisation d’un drone. »
Une victoire controversée
Au milieu de la controverse, l’équipe féminine de soccer du Canada a quand même trouvé le moyen de gagner 2-1 contre la Nouvelle-Zélande jeudi.
D’ailleurs, avant les révélations de TSN, le comité de discipline de la FIFA ainsi que le Comité international olympique (CIO) avaient ouvert une enquête sur les événements.
Le Canada doit jouer son prochain match dimanche, contre la France, deuxième équipe mondiale.
journaldemontreal