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comment le RN s’aligne sur les intérêts des lobbys industriels au Parlement européen

KENZO TRIBOUILLARD / AFP Jordan Bardella photographié au Parlement européen à Bruxelles le 11 avril (illustration)

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Jordan Bardella photographié au Parlement européen à Bruxelles le 11 avril (illustration)

POLITIQUE – En France, le Rassemblement National aime se revendiquer antisystème, et se présenter comme le défenseur des petits contre les grands. Mais dans les couloirs du Parlement européen, les choses sont différentes. Ses élus épousent souvent les intérêts des multinationales ou les lobbies des géants industriels.

C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le cabinet Ecolobby, qui a analysé les votes des députés européens RN depuis 2019. Rendue publique mardi 7 mai, elle présente 10 récits montrant comment les troupes de Jordan Bardella ont apporté leurs voix ou leur soutien à des mesures favorables à géants de l’industrie. Ce que la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, n’a pas manqué de souligner sur le réseau social

Super-profits, packaging…

Une activité pro-business qui contraste avec le discours socialisant affiché en France par Marine Le Pen et ses adjoints. Exemple avec la taxe sur les superprofits : en février 2023, la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale qualifiait la mise en place de cette taxe exceptionnelle de « une urgence économique, mais surtout une urgence de justice sociale à l’égard des Français « . Compte tenu de cette position, on pourrait donc penser que les députés européens RN ont travaillé dans ce sens au Parlement européen. Eh bien non.

Quelques mois plus tôt, en octobre 2022, une résolution du Parlement européen visait à instaurer un « impôt sur les bénéfices exceptionnels imposés aux sociétés énergétiques », et cela pour aider” les ménages vulnérables et les petites et moyennes entreprises (PME), notamment par le biais de plafonnements des prix. Malgré les discours prononcés en France, les élus RN se sont abstenus, comme le montre le rapport de vote, tandis que leurs partenaires au sein du groupe Identité et Démocratie (ID) ont voté pour cette résolution.

 » Plus intéressant encore : ils se sont opposés à la proposition (amendement 45) visant à étendre l’impôt sur les superprofits à tous les secteurs d’activité.» note encore Ecolobby. Cependant, le 2 mai, Jordan Bardella a réitéré sa volonté de voir instaurer une taxe sur les superprofits. Celui qui le pourra comprendra.

Autre exemple : l’interdiction des emballages jetables à usage unique. Alors que cette mesure apparaissait en France (notamment chez McDonald’s), le Parlement européen travaillait sur une proposition similaire. Cependant, cette mesure a été vigoureusement combattue par les lobbies du secteur, au point que l’échec de cette interdiction a été perçu comme une victoire de leur part. Là encore, le RN a voté contre la mesure, prenant le parti des industriels. Ce qui transparaît également dans l’avis rendu par l’eurodéputée RN Virginie Joron, qui a repris une bonne partie des éléments linguistiques du secteur.

Comme indiqué Le mondela position du parti d’extrême droite sur ce sujet pose d’autant plus de questions que la mesure vise à harmoniser au niveau européen les réglementations déjà en vigueur en France.

« Contradiction »

Sur un autre sujet, les députés RN ont également voté contre une mesure (article 15 de la proposition sur « lutte contre le changement climatique « ) visant à exiger des entreprises de plus de 500 salariés et un chiffre d’affaires global supérieur à 150 millions d’euros qu’elles rendent leurs objectifs de résultats compatibles avec la transition écologique.

 » Les députés Gilles Lebreton et Virginie Joron du groupe Rassemblement National ont déposé un amendement, le 3 947, pour demander… la suppression de l’article 15 de la proposition et donc l’obligation pour les entreprises de respecter un devoir de vigilance en lien avec les enjeux climatiques », souligne Ecolobby, précisant que cet article avait fait l’objet d’une intense campagne de la part du « Medef européen » (auquel le RN était sensible).

Cité par Le monde, le socialiste luxembourgeois Marc Angel, vice-président du Parlement européen, s’étonne du parti pris du parti lepéniste.  » L’extrême droite me surprend par sa contradiction entre son discours en faveur des enfants et ses votes. Quand on propose de renforcer les droits des salariés, des consommateurs, de la planète, ils se rangent toujours du côté du « big business », du côté des lobbyistes. », observe-t-il.

Près StreetPressJordan Allouche, fondateur d’Ecolobby et pilote de cette étude, fait une analyse similaire : « On a pu constater l’alignement du RN avec certains lobbys industriels. Même s’ils ne se rencontrent pas forcément, cela montre un alignement entre leurs intérêts et les collusions entre ces deux entités. Surtout, cela rappelle qu’à l’extrême droite, il y a une droite. Et c’est une droite libérale qui ne défend pas les plus démunis mais au contraire les intérêts économiques des grandes entreprises.»

Un positionnement qui concerne aussi l’agriculture ou le privilège accordé aux voitures de luxe en marge de l’interdiction des moteurs thermiques, pour l’instant peu évoqués dans cette campagne pour les élections européennes.

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Ray Richard

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