Les trois pays européens ont officiellement reconnu ce mardi 28 mai l’existence d’un Etat palestinien. De quoi provoquer la fureur des autorités israéliennes.
Une décision historique. Comme prévu, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu, et de manière coordonnée, ce mardi 28 mai, l’État de Palestine.
La Norvège a été le premier pays à se lancer. Son chef de la diplomatie, Espen Barth Eide, a salué « une journée marquante » pour ses relations bilatérales avec les autorités palestiniennes.
« La Norvège est l’un des plus fervents partisans d’un Etat palestinien depuis plus de 30 ans », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Oslo avait remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, notant l’entrée en vigueur de leur décision mardi.
« Une question de justice historique »
L’Espagne a emboîté le pas en adoptant un décret lors d’un Conseil des ministres dans la matinée. Dans une brève déclaration solennelle, le Premier ministre espagnol a estimé que cette reconnaissance était « une nécessité » pour « parvenir à la paix » entre Israéliens et Palestiniens en plus d’être « une question de justice historique » pour le peuple palestinien.
Cette décision n’est prise « contre personne, et encore moins contre Israël, un peuple ami (…) avec qui nous souhaitons avoir la meilleure relation possible », a ajouté celui qui est devenu l’une des voix les plus critiques de la politique israélienne. gouvernement au sein de l’UE depuis le début de la guerre à Gaza. Tout en affirmant que la réalisation de cette reconnaissance reflète le « rejet total du Hamas, opposé à la solution à deux États ».
L’Irlande a également officialisé mardi cette reconnaissance d’un Etat palestinien. Le but de cette décision est de « garder espoir », a déclaré le Premier ministre Simon Harris, et de « croire qu’une solution à deux États est la seule manière pour Israël et la Palestine de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité ».
Dublin reconnaît ainsi la Palestine comme un État souverain et indépendant et a décidé d’établir des relations diplomatiques complètes entre Dublin et Ramallah, où un ambassadeur irlandais sera nommé.
Cette décision souligne « notre conviction qu’une voie politique est le seul moyen de briser le cycle de dépossession, d’assujettissement, de déshumanisation, de terrorisme et de mort qui a brisé la vie des Israéliens et des Palestiniens depuis des décennies ». , a souligné pour sa part le ministre irlandais des Affaires étrangères, Michael Martin.
« La perspective d’une paix durable n’a jamais été aussi menacée et il est impératif que nous agissions maintenant », « pour protéger la viabilité d’une solution à deux États et les droits égaux des Palestiniens et des Israéliens à l’autodétermination, à la paix, à la sécurité et à la sécurité ». dignité », a-t-il ajouté.
Une question qui divise au sein de l’UE
Ces trois pays européens estiment que leur initiative a une portée symbolique très forte, capable d’amener d’autres Etats à les rejoindre. Actuellement, 145 pays sur les 193 États membres de l’ONU reconnaissent un État palestinien, selon un décompte de l’Autorité palestinienne.
Ils mettent en avant le rôle joué par la Norvège et l’Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Moyen-Orient. Madrid a accueilli une conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d’Oslo de 1993.
Même si la Slovénie devrait également reconnaître très prochainement l’État de Palestine, cette question suscite de profondes divergences au sein de l’UE. La France estime que ce n’est pas le bon moment et l’Allemagne n’envisage une telle reconnaissance qu’après des négociations entre les deux parties.
Attaques contre la diplomatie israélienne sur les réseaux sociaux
Furieux de la décision de l’Espagne, de la Norvège et de l’Irlande, le chef de la diplomatie israélienne, Israel Katz, multiplie depuis plusieurs jours les messages de colère contre ces trois pays sur X (ex-Twitter).
Ce mardi, il a notamment accusé le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez d’être « complice des appels au génocide du peuple juif » en reconnaissant l’Etat de Palestine.
Israel Katz a également mis en ligne dimanche une vidéo combinant des images de l’attaque du Hamas du 7 octobre avec des images de danseurs de flamenco, affirmant que le mouvement islamiste palestinien disait « merci pour (ses) services » à Pedro Sánchez.
Des vidéos similaires visant les dirigeants irlandais et norvégien ont également été diffusées par le chef de la diplomatie israélienne.
Cela n’est pas resté sans réaction du côté occidental : « Nous allons apporter une réponse (…) coordonnée avec la Norvège et l’Irlande, qui sont visées par le même type de désinformation exécrable et d’attaques sur les réseaux sociaux », a déclaré une « ferme et calme » à ces « provocations », a déclaré à la presse le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.
« Personne ne peut nous intimider (…) Nous ne faisons pas notre politique étrangère en réagissant par des tweets, nous avons des idées claires sur le chemin que nous devons emprunter », a-t-il ajouté à l’issue du fameux Conseil des ministres.
La réponse de Dublin, Madrid et Oslo interviendra « au moment opportun ».