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L’espace est vraiment mauvais pour la santé !

Après 200 jours en orbite, les astronautes revenus la semaine dernière de la station spatiale internationale semblent en mauvais état.

Article rédigé par

franceinfo – Vincent Nouyrigat

Radio-France

Publié


Temps de lecture : 4min

Alexander Grebenkin (à gauche), les astronautes de la NASA Michael Barratt (2e à gauche), Matthew Dominick (2e à droite) et Jeanette Epps (à droite) à l'intérieur du vaisseau spatial SpaceX Dragon Endeavour, à bord du navire SpaceX Recovery, le 25 octobre 2024. (NASA/GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD / VIA AFP)

Vincent Nouyrigat, rédacteur en chef du magazineÉpsiloon nous raconte aujourd’hui le retour sur notre planète Terre de quatre astronautes qui viennent de passer huit mois dans la station spatiale internationale, l’ISS.

franceinfo : Ces quatre astronautes ont touché terre vendredi 25 octobre, et ils ne sont pas en forme ?

Vincent Nouyrigat : C’est le moins que l’on puisse dire : les trois Américains et le Russe ramenés sur Terre par une capsule de Space X le 25 octobre ont été brièvement hospitalisés il y a quelques jours ; les raisons précises n’ont pas été dévoilées par la NASA – secret médical oblige – mais il semble que cela soit lié à leur long séjour en orbite, plus de 200 jours. Une mission qui a été prolongée de deux mois par les déboires de la capsule Boeing, dont on a beaucoup entendu parler.

Autant au décollage, les astronautes, ces héros modernes, dégagent une impression de puissance et de vitalité, autant en orbite et de retour sur terre, leur état semble bien lamentable : vous vous souvenez peut-être des images de Thomas Pesquet, incapable de marcher sur son retourner sur Terre; et cette semaine, les photos du visage très maigre de l’astronaute Sunita Williams, actuellement à bord de l’ISS, font beaucoup réagir.

Mais à quel point est-ce grave ? ?

C’est plutôt inquiétant, oui. Parce que les effets ne se limitent pas à une simple perte de masse osseuse ou musculaire, liée à l’absence de gravité – ces symptômes sont réversibles. En effet, il ne se passe pas un mois sans qu’une étude révèle les dangers de la vie en apesanteur et sous l’effet du rayonnement cosmique ; sachant que l’absence de gravité altère le flux normal des fluides corporels et que les radiations endommagent les tissus.

Par exemple, cet été, une étude a révélé à quel point ces conditions spatiales perturbaient le bon fonctionnement des reins – et il est vrai que les astronautes sont sujets à des calculs rénaux très douloureux. En septembre, une expérience menée à bord de l’ISS a montré que le tissu cardiaque était affaibli et sujet aux arythmies. Les médecins ont de réelles craintes cardiovasculaires pour les astronautes.

Fin octobre, nous avons découvert, lors d’une autre expérience, que les neurones subissaient un vieillissement accéléré. Et bien d’autres expériences de laboratoire ou de diagnostic réalisées sur des astronautes ont mis en évidence des risques cérébraux, immunitaires, artériels, et des problèmes de vision très fréquents.

Qu’est-ce qui remet en question les voyages spatiaux ?

En tout cas, la question se pose au moment où la NASA envisage de poser le pied sur la Lune avec sa mission Artemis, en septembre 2026, avec l’intention de s’y installer définitivement. Ce qui pose aussi d’autres types de problèmes : les poussières lunaires très fines et abrasives irritent les poumons et les yeux, et pourraient avoir des effets toxiques à long terme.

Bref, les agences ne peuvent plus ignorer ces risques, et les biologistes tentent actuellement de trouver des solutions, des traitements antioxydants, des protocoles médicamenteux, parfois dignes de ceux infligés aux personnes âgées atteintes de maladies cardiaques. Certains travaillent même sur la possibilité de mettre les astronautes en hibernation, cet état métabolique minimiserait l’effet des radiations lors d’un long voyage vers Mars.

Eh bien, les astronautes savent qu’ils prennent de gros risques. Mais ce panorama inquiétant inciterait plutôt le commun des mortels à garder les pieds sur Terre.

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