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l’ESA finance trois constructeurs allemands et un britannique

l’ESA finance trois constructeurs allemands et un britannique

Tout se met progressivement en place pour le déclenchement d’une guerre sanglante (?) dans le domaine des mini-lanceurs et, plus tard, des lanceurs lourds. Avec en fond la volonté d’Etats comme l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou la France d’imposer leur(s) champion(s) sur la scène européenne. Cette compétition est la conséquence du sommet de Séville en novembre 2023, où les États membres de l’ESA (Agence spatiale européenne), ont demandé à l’ESA, sous la houlette de l’Allemagne, d’organiser cette compétition qui devrait être dévastatrice en raison de la fierté nationale de dominer le marché européen.

Alors que les pays européens dotés d’industries de lanceurs montent leurs muscles face à leurs voisins, SpaceX ouvre la voie sur ce marché. Une situation qui nécessiterait une union sacrée en Europe mais ce n’est pas vraiment le cas. Pour l’instant, l’Agence européenne souhaite que les opérateurs européens mettent en œuvre de nouvelles solutions de transport spatial afin de pouvoir disposer à terme des offres les plus compétitives possibles.

RFA One, Hyimpulse, Orbex et Isar Aerospace

L’ESA va donc poursuivre son aide financière à quatre constructeurs de mini-lanceurs pour préparer leur premier lancement prévu dans les prochains mois en allouant un budget de 44,22 millions d’euros dans le cadre de son programme de soutien aux services et de soutien au transport spatial commercial, Boost, financé principalement par l’Allemagne puis la Grande-Bretagne. Trois sociétés allemandes (RFA One, Isar Aerospace, Hyimpulse) et une société britannique (Orbex) bénéficieront de cette manne financière.

En revanche, l’ESA ne finance pas les entreprises françaises comme Latitude ou HyPrSpace, ni les entreprises espagnoles comme PLD Space. Contrairement à l’Espagne, la France ne participe pas à Boost, un programme optionnel de l’ESA qui regroupe l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Belgique, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, l’Espagne, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni. , la Commission européenne et l’ESA ont sélectionné en janvier dernier cinq opérateurs de lancements spatiaux pour mettre en orbite de petits satellites européens, une autre initiative mise en place pour stimuler la concurrence. Un contrat-cadre a été signé avec Arianespace (Ariane 6) ainsi que quatre. startup du secteur (Isar Aerospace, RFA One, Orbex et PLD Space).

Aide aux évolutions avant le premier vol

Pourquoi aider ces entreprises ? L’Agence considère que « Les mois précédant un vol inaugural peuvent être critiques pour les entreprises disposant de grandes équipes, de nombreuses installations et opérations. » alors que« Aucun système de lancement ne génère encore de revenus ». « Pour alléger cette période, l’ESA a engagé un cofinancement total de 44,22 millions d’euros »explique-t-elle. C’est dans ce contexte qu’elle a accordé des extensions de contrats à RFA One (Rocket Factory Augsburg), Hyimpulse, Isar Aerospace et Orbex pour le déploiement de leurs services de lancement. Cette aide permettra renforcer, selon l’ESA, « la responsabilisation de ces entreprises dans leur transition du développement technique au démarrage de services opérationnels ».

De nombreux projets sont en cours de développement, dont bien sûr les quatre sociétés à nouveau financées par l’ESA, qui doit rester un arbitre impartial dans cette compétition qui va bousculer l’Europe spatiale. Elle affectera la crédibilité même de l’ESA au moment où la Commission européenne souhaite prendre en charge les questions spatiales, et précisément celle des lanceurs. Plusieurs lanceurs européens, dont les quatre sociétés sélectionnées par l’ESA, devraient effectuer leur premier vol. « Nous sommes très intéressés de voir leurs fusées tenir leurs promesses, ce qui diversifiera l’offre européenne de services de lancement »a estimé le directeur du transport spatial duESA, Toni Tolker-Nielsen, dans une interview à La Tribune.

Pour le patron du transport spatial, Boost n’est qu’un premier jalon qui débouchera ensuite sur la concurrence sur les lanceurs lourds. « C’est dans ce cadre que nous avons lancé le projet « European launchers challenge », qui tentera de faire émerger des startups européennes dans le domaine des lanceurs pour créer cette compétition. Cependant, sa mise en place prendra du temps. On peut imaginer une concurrence avec Ariane 6 au début des années 2030 ou au milieu des années 2030 », expliquait-il dans un entretien à La Tribune en juillet dernier. De son côté, le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, expliquait en juin dernier dans une interview accordée à La Tribune qu’il fallait « Beaucoup de temps pour développer un lanceur. Les décisions seront prises lors de la conférence ministérielle de 2025 ».

Des lancements dans les prochains mois

Malgré l’échec retentissant du mois d’août, l’ESA a décidé de poursuivre son soutien à RFA One. Le cofinancement Boost (3,5 millions de livres sterling ou 4,2 millions d’euros) aidera RFA One, une filiale d’OHB System, à préparer le prochain système de vol du premier étage en effectuant davantage de tests. Il est vrai que le premier étage a a explosé lors d’un lancement test depuis une nouvelle base spatiale située dans le nord de l’Écosse, à SaxaVord, sur l’île isolée d’Unst (archipel des Shetland). Le programme Boost « accélère notre mission visant à fournir des solutions de lancement rentables et flexibles » et représente « un investissement crucial pour le futur accès de l’Europe à l’espace, qui stimulera la concurrence et l’innovation dans l’ensemble du secteur »a déclaré Jörn Spurmann, co-fondateur et directeur commercial de RFA.

De son côté, Isar Aerospace teste actuellement les deux étages de son lanceur Spectrum, entièrement développé en interne. Le financement de plus de 15 millions d’euros accordé par l’ESA sera consacré à l’achèvement de la campagne d’essais préparatoire au premier vol d’essai du lanceur prévu en principe d’ici la fin de l’année. Ce contrat renforce la solidité financière d’Isar Aerospace, qui a obtenu plus de 400 millions d’euros de financement privé depuis sa création en 2018. Par ailleurs, les fonds de l’ESA soutiendront également les préparatifs d’Isar Aerospace pour le deuxième vol d’essai de Spectrum, ses efforts pour construire une production en série polyvalente à Vaterstetten, en Allemagne et la production des moteurs de nouvelle génération pour le deuxième vol d’essai.

« Compte tenu des évolutions politiques actuelles, il est clair que l’Europe doit repenser son approche en matière d’accès à l’espace. (…) Pour être compétitifs à l’échelle mondiale, les institutions et les gouvernements doivent devenir des clients réguliers », a insisté la directrice commerciale d’Isar Aerospace, Stella Guillen.

Par ailleurs, le programme Boost permettra à Orbex (5,6 millions d’euros) de réaliser le premier vol de démonstration de son lanceur Prime prévu pour 2025. Ce financement couvre des étapes importantes vers la qualification des réservoirs de carburant en fibre de carbone. carbone et vers les tests intégrés et le lancement de Prime. C’est donc « essentiel pour nous aider à atteindre nos objectifs communs »a expliqué le PDG d’Orbex, Psalut Chambers.

Enfin, HyImpulse, qui a encaissé un chèque de 11,8 millions d’euros de l’ESA, a lancé avec succès sa fusée suborbitale SR75 en mai dernier. La startup spatiale allemande a réalisé un premier tir d’une fusée utilisant de la paraffine (cire de bougie) comme carburant afin de tester cette technologie avant un premier vol orbital fin 2025. Hyimpulse travaille désormais au développement de SL1, un lanceur à trois étages capable de transporter 600 kg en orbite héliosynchrone. Le programme Boost permettra de faire évoluer une partie significative des sous-systèmes vers des tests intégrés. « Cette prolongation de contrat représente un signe fort de confiance dans HyImpulse et un investissement dans l’avenir de l’Europe en tant que force compétitive dans l’espace »a souligné le PDG et fondateur de HyImpulse, Christian Schmierer.

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