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Les yaourts à boire, des produits qui plaisent aux consommateurs… mais pas aux nutritionnistes


Actimel, Danonino, Hi-Pro… le groupe Danone vient de décider de supprimer le Nutri-Score de ces produits dont les bénéfices nutritionnels sont une nouvelle fois remis en cause.

Les yaourts à boire de Danone sont à nouveau dans la tourmente. Le groupe français vient de décider « retirer progressivement le Nutri-Score » de son « produits laitiers et végétaux buvables »à partir de septembre 2024. Pas moins de cinq marques – sur les 26 du groupe – sont concernées : Actimel, Danonino, Hi-Pro, Danone ou encore Activia. Une annonce surprenante quand on sait que l’entreprise a été l’une des premières en 2007 à accepter d’afficher cet outil de lecture simple avec un code couleur allant du vert au rouge et les lettres de A à E, censé aider le consommateur à choisir les meilleurs produits pour sa santé.

Le sujet de discorde ? La mise à jour du mode de calcul du Nutri-Score, décidée en 2023 par un comité scientifique dédié. Les yaourts à boire sont désormais considérés comme des boissons plutôt que des aliments, et sont donc désormais comparés à de l’eau et non plus à des yaourts. Actimel passe ainsi d’un Nutri-Score B à un D, ​​au même titre que Coca-Cola par exemple. Une déception de taille pour ce produit phare qui se targue depuis des générations « Aidez à renforcer vos défenses naturelles ».

« Il est légitime de rectifier cette classification »

Danone dénonce la « changement contestable » de l’algorithme, considérant que « Cette évolution donne une vision erronée de la qualité nutritionnelle des produits laitiers buvables (…) et entraîne donc une confusion chez les consommateurs. » Un choix néanmoins défendu par Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’Université Sorbonne Paris Nord et concepteur du Nutri-Score, qui confirme que les yaourts à boire sont entrés dans la catégorie des boissons. « En revanche, pour les boissons, la teneur en sucre est examinée de plus près car elles sont souvent consommées en grande quantité. »explique le spécialiste, qui justifie ainsi le passage d’un Nutri-Score B à un D pour certains produits Danone. Selon lui, leur vocation est d’être consommés tout au long de la journée, « en dehors des repas » en particulier, et « pas seulement en fin de repas comme un yaourt classique ».

Et c’est là tout l’enjeu : à ses yeux, ces produits doivent « à consommer de manière raisonnable ». Il n’est donc pas question de maintenir un Nutri-Score B sur un produit dont on sait parfaitement qu’il est « trop ​​sucré ». « Les yaourts liquides sucrés de Danone contiennent plus de 100 grammes de sucre par litre, c’est beaucoup (…) Avant, ils étaient classés A ou B, il était légitime de rectifier ce classement »tient à préciser le professeur. Danone réfute ces arguments, car personne ne connaît les habitudes de chacun : rien n’empêche un consommateur de manger un yaourt à n’importe quel moment de la journée, ou de boire un yaourt à la fin d’un repas. Et peu importe, selon le groupe, puisqu’entre un Danonino ferme, labellisé Nutri-Score B, et un Danonino buvable, désormais labellisé Nutri-Score D, il y a strictement la même recette et les mêmes apports nutritionnels. Danone ne remet cependant pas en cause l’existence du Nutri-Score, et estime que cet outil reste un outil de référence. « boussole pour développer de nouvelles recettes ». « Faire preuve de transparence pour aider les consommateurs à faire des choix alimentaires sains et équilibrés reste une priorité pour nous »affirme le groupe, qui entend désormais prendre le temps de« étudier l’impact de ce retrait » sur toutes ses références.

Un premier couac en 2010

Ce n’est pas la première fois que les yaourts Danone sont dans le viseur des pouvoirs publics. En 2010, le groupe avait déjà retiré de ses publicités l’une de ses allégations santé selon laquelle boire de l’Actimel contribuait à réduire l’incidence de diarrhées aiguës, à la suite d’un avis scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Avis, pour rappel, qui sert de base aux gestionnaires de risques – Commission européenne et États membres – qui décident ensuite d’autoriser ou non les allégations santé portées sur les aliments. Ce qui n’a pas empêché le groupe de continuer à surfer sur l’aspect santé de la consommation d’Actimel. « bien-être » de ces produits, souvent présentés comme étant « riche en vitamines et minéraux »Si le géant de l’agroalimentaire affirme avoir grandement amélioré la recette de ses yaourts à boire, comme Actimel, qui contient 30% de sucre de moins qu’il y a 10 ans, il ne semble pas prêt à jouer le jeu de la transparence à n’importe quel prix.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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