Les voyages d’affaires reprennent, mais loin des niveaux de 2019

Publié le 5 avril 2023 à 18 h 54Mis à jour le 5 avril 2023 à 19:32
« La reprise des voyages d’affaires se confirme alors que l’année dernière on ne savait pas trop à quoi s’attendre », rassure Yorick Charveriat. Le vice-président et directeur général France d’Amex Global Business Travel a présenté mercredi le traditionnel baromètre annuel du secteur établi par le géant américain. « En 2022, le secteur est à 72 % du niveau de 2019 dans le monde, 80 % en France, donc la route est encore longue, cela prendra du temps, mais l’activité est solide. Il n’y a plus de volatilité, sauf quand il y a des grèves » précise-t-il.
Le rail avait repris plus vite que l’aérien, poussé par un resserrement des liaisons vers des destinations plus nationales. Mais entre le quatrième trimestre 2021 et le dernier trimestre 2022, les dépenses aériennes ont augmenté de 90 % et le ferroviaire de seulement 18 %, en raison de nombreux débrayages et d’un manque de personnel compliquant les déplacements en train, selon le baromètre.
Des déplacements plus responsables
Cela contrecarre la prise de conscience croissante de l’empreinte carbone. « Les voyageurs d’affaires veulent voyager de manière plus responsable et 66 % déclarent mesurer leurs émissions de CO2 contre 53% un an plus tôt. Cependant, seulement 16 % ont mis en place un plan d’action. Nous nous attendons à ce que le sujet prenne de l’ampleur ainsi que celui des carburants durables, comme c’est déjà le cas aux États-Unis avec Sustainable Aviation Fuel », poursuit Yorick Charveriat.
Si les modes changent, le type de voyage aussi. « C’est le grand boom des événements internes, notamment dans les PME/PMI. On parle désormais de déplacements professionnels plus que de déplacements professionnels, car il s’agit de garder un lien fort avec ses collègues, d’engager ses collaborateurs, et pas seulement d’atteindre des objectifs commerciaux », précise le patron d’Amex GBT France.
Fuite d’hôtel
72% des voyageurs privilégient également un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, ne souhaitant pas partir à n’importe quel prix, sous n’importe quelles conditions.
Cela explique en partie le fait que seulement 20% d’entre eux réservent leurs hôtels via les canaux officiels fournis par leur entreprise. Un vrai casse-tête en cas de perturbations, car leurs réservations ne sont pas traçables. « C’est ce qu’on appelle des ‘fuites d’hôtels’, et c’est un problème en termes de sécurité et de maîtrise des coûts », rappelle Yorick Charveriat.
L’affaire compliquée par les JO
Pour les agents de voyages, le quotidien n’est pas simple. Les incertitudes qui pèsent encore sur les voyages en Chine et plus largement en Asie, les capacités encore insuffisantes du secteur aérien qui font grimper les prix, même si cela s’améliore, les troubles sociaux en France, générateurs de travail supplémentaire. « On est passé d’un appel par transaction avant le Covid à deux-trois aujourd’hui. Nos clients ont besoin d’aide tout le temps. Du coup, nous avons aussi augmenté le prix de nos prestations, revu certains contrats, abandonné d’autres », observe le professionnel.
Et selon lui, les JO de 2024 vont plutôt compliquer la situation qu’apporter de l’activité. « L’événement génère peu de clientèle d’affaires, mais en revanche, il a déjà impacté les capacités hôtelières et fait grimper les prix », note-t-il.