Plutôt que de courir après les preuves de subventions, comptez les grammes de CO2 ! Les députés David Amiel et Emmanuel Lacresse, dont seul le premier a été réélu aux dernières législatives, ont livré un rapport d’information sur le système d’aides à l’acquisition de véhicules propres en France. Rappelons que le système de bonus à l’achat de véhicules neufs a été réformé pour cette année 2024 afin que soit prise en compte « l’empreinte environnementale » des véhicules, c’est-à-dire les émissions de CO2 induites à chaque étape de leur production, de leur transport, etc.Le rapport a été publié début juillet 2024 : « S’il est encore trop tôt pour mesurer pleinement tous les effets de cette réforme, la part des véhicules particuliers électriques fabriqués en Europe dans les immatriculations est passée de 45 % en moyenne en 2023 à 70 % en mars 2024 au détriment des véhicules assemblés en Asie » notent les parlementaires, « les évolutions à la baisse des parts de marché les plus notables sont celles de la Tesla Model 3, de la Dacia Spring et de la MG Marvel, trois véhicules assemblés en Asie… »
Une gifle pour Tesla
Les deux députés livrent ainsi des informations détaillées. La Peugeot e-208 a par exemple vu sa part de marché parmi les ventes de voitures électriques passer de 2 % en novembre 2023 à 13 % en mars 2024. La Peugeot e-2008 est passée de 1 % à 7 % sur la même période, la Renault Mégane E-Tech de 5 % à 7 % et la Renault Twingo E-Tech de 3 % à 7 %. Les produits assemblés en Chine ont subi le sort inverse.
Toujours en comparant novembre 2023 à mars 2024, La part de marché de la Tesla Model 3, fabriquée à Shanghai, est passée de 20% à 3% sur le marché français. Même constat pour le Model Y (de 10% à 6% de pénétration) tandis que le modèle autrefois star des électriques, à savoir la Dacia Spring, a vu sa part de marché s’effondrer de 9% à 1% des ventes. Globalement, « la part de marché des véhicules produits en Chine a diminué de 30 points entre novembre 2023 et mars 2024, « Passer de 43,8% à 13,3% » expliquent encore les deux députés macronistes.
Et de pointer du doigt les pays qui ont profité de cette réduction de la production chinoise : l’Espagne, où Peugeot assemble sa 2008 électrique, la Slovaquie, qui accueille notamment la e-208, et la France, qui dispose désormais de lignes de production de voitures électriques à Douai (Renault) et Sochaux (Peugeot).
Alors que le bonus à l’achat de véhicules neufs a été supprimé pour les personnes morales en 2024, les auteurs du rapport notent que « Malgré les incitations fiscales, les trajectoires d’électrification des véhicules d’entreprise restent deux fois inférieures à celles des véhicules des particuliers »L’inquiétude ne porterait donc pas seulement sur la perception d’une quelconque aide !
La pénalité paie moins que le coût du bonus
Le rapport parlementaire revient également sur deux autres thèmes. Tout d’abord, le leasing social. Lancée sans grand espoir au début de cette année, la mesure a été un véritable succès, contre toute attente. Le gouvernement a même été contraint d’y mettre un terme à peine deux mois après l’ouverture de la fenêtre.Selon MM. Amiel et Lacresse, 50 000 commandes pour un coût de 275 millions d’euros ont été enregistrées en 60 jours, « alors que le montant des crédits ouverts au titre du leasing social dans la loi de finances 2024 était de 110 millions d’euros pour 20 000 dossiers financés ». L’explosion budgétaire est d’ailleurs l’un des derniers thèmes abordés par le rapport. Si les lecteurs de L’Automobile Magazine savent déjà que le malus 2023 a rapporté 607 millions d’euros à l’Etat, Les deux députés soulignent toutefois que le coût du bonus s’élevait à 1,5 milliard d’euros pour la même année.avec 357 000 dossiers honorés.
Il n’est donc pas étonnant de constater que le malus a littéralement explosé en 2024, avec un revenu théorique de 737 millions d’euros généré sur le seul premier semestre : David Amiel et Emmanuel Lacresse font état d’une prévision de 360 000 primes distribuées cette année, sachant qu’entre janvier et avril, 52 000 gratifications ont déjà été accordées pour un montant de 220 millions d’euros. Cela n’empêche toutefois pas les auteurs du rapport de plaider pour un leasing social encore plus ambitieux en 2025.ce qui permettrait à 100 000 foyers de bénéficier d’un véhicule électrique à moindre coût.