Les violences sexuelles contre les femmes se « généralisent » en Haïti, et l’accès aux soins se raréfie, sur fond de recrudescence des attaques de bandes armées contre la population civile, a dénoncé lundi Human Rights Watch.
Selon l’ONG Human Rights Watch, 4 000 femmes, adultes et mineures, ont déclaré avoir subi des violences sexuelles entre janvier et octobre. Le nombre de cas dont des enfants sont victimes a augmenté de 1 000 % par rapport à la même période en 2023, ajoute-t-elle, citant des chiffres de l’ONU. La plupart des cas restent silencieux, ajoute l’ONG. Les groupes criminels ont souvent eu recours à la violence sexuelle pour susciter la peur dans les territoires rivaux. Les affrontements entre ces groupes ont diminué en 2024, mais les attaques contre la population, la police et contre les services clés se sont multipliées, notamment à travers la généralisation de ces violences sexuelles.« , écrit l’organisation internationale dans un communiqué.
Depuis fin février, Haïti, pays pauvre déjà plongé dans des années de crises, est confronté à une recrudescence d’attaques de gangs, accusés de meurtres, d’enlèvements et de violences sexuelles à grande échelle. Ces gangs, qui contrôlent environ 80 % de la capitale Port-au-Prince, s’en prennent régulièrement aux civils malgré le déploiement cette année d’une mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya et soutenue par l’ONU. .
« L’État de droit en Haïti est tellement ébranlé que les membres de groupes criminels violent des filles ou des femmes sans crainte de conséquences.« , souligne dans le communiqué Nathalye Cotrino, chercheuse sur les crises et les conflits à Human Rights Watch. L’organisation a mené des dizaines d’entretiens à Port-au-Prince et à distance. Selon elle, « de nombreuses victimes subissent les effets d’abus physiques et de mauvais traitements ou se retrouvent enceintes, sans accès aux services médicaux, psychosociaux ou juridiques, même celles qui contractent des infections sexuellement transmissibles, ce qui est le cas d’un grand nombre de victimes, notamment du VIH.« .
Nathalye Cotrino appelle la communauté internationale à «augmenter de toute urgence le financement des programmes complets de soutien aux victimes de violences sexuelles« et d’accorder aux autorités le »ressources nécessaires pour rétablir l’état de droit, assurer une sécurité de base et reconstruire les systèmes de santé et de justice« .