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les Vingt-Sept face au casse-tête des candidatures… et des élections en France

Qui dirigera l’Europe au cours des cinq prochaines années ? Et pourquoi faire ? Telles sont les questions auxquelles tenteront de répondre les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, réunis pour un sommet informel ce lundi 17 juin à Bruxelles.

Le Conseil européen, qui réunit les chefs d’État et de gouvernement, est chargé de désigner les candidats aux « top jobs », postes à responsabilité dans l’UE : présidente de la Commission (actuellement Ursula von der Leyen), vice-présidente aux affaires étrangères ( Josep Borrell) et président du Conseil (Charles Michel). Les deux premiers devront ensuite être approuvés par le Parlement européen.

L’usage est que ces trois postes soient pourvus en même temps, car ils sont attribués aux différents groupes politiques qui constituent ensemble la majorité au Parlement. Par ailleurs, les Vingt-Sept tentent de préserver un équilibre géographique et la parité entre hommes et femmes.

Un Portugais et un Estonien bien placés

Ursula von der Leyen est candidate au renouvellement et a de fortes chances d’être désignée, dans la mesure où son groupe, le Parti populaire européen (PPE, droite), restera la première force politique au Parlement. Les deux autres postes devraient donc revenir à un social-démocrate et à un libéral. Parmi les noms qui circulent figurent ceux d’Antonio Costa, ancien premier ministre socialiste portugais, et de Kaja Kallas, premier ministre estonien. Le premier pourrait assumer la présidence du Conseil et le second prendre la tête de la politique étrangère européenne.

Mais la montée de l’extrême droite risque de bouleverser cet équilibre. Les dirigeants français et allemand, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, arriveront affaiblis à Bruxelles après avoir essuyé des revers électoraux le 9 juin. A l’inverse, l’Italienne Giorgia Meloni sort renforcée de ce scrutin. La chef du gouvernement d’extrême droite italien a déclaré qu’elle espérait « L’Europe comprend le message envoyé par les citoyens européens ». Le chef du gouvernement italien est un opposant au « pacte vert » et prône des mesures plus dures sur la question migratoire. Elle souhaitait que nous « reconnaître le rôle de l’Italie en termes de compétences ».

Même si son groupe politique au Parlement, celui des Conservateurs et Réformistes (CRE), n’obtient pas l’un des « postes les plus élevés », elle pourra revendiquer pour l’Italie une position de leader au sein de la prochaine Commission. Et on espère qu’elle sera prise en compte dans la définition des grandes priorités de l’Union pour les cinq prochaines années.

Priorité à la défense et à la compétitivité

Les Vingt-Sept doivent aussi travailler sur un programme législatif, l’« agenda stratégique ». Alors que celle des cinq dernières années a donné la priorité au climat, celle des cinq prochaines années devrait plutôt se concentrer sur la défense, la compétitivité et le durcissement de la politique migratoire. Les chefs d’Etat et de gouvernement prévoient de se retrouver à Bruxelles les 27 et 28 juin pour un sommet afin d’approuver cet agenda et d’officialiser les candidatures aux « emplois de haut niveau ».

Lors du sommet informel de ce lundi, les débats devraient également débuter par un échange sur la situation politique en France. La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale suscite en effet de nombreuses interrogations chez nos voisins.

Les dirigeants des autres pays de l’UE ne sont pas censés intervenir dans la politique nationale. Mais l’orientation future de la France, dans cette période où l’UE doit prendre des décisions cruciales, aura inévitablement des conséquences pour tous. Emmanuel Macron, qui fut l’une des voix les plus influentes au sein du Conseil, y arrivera dans la position de celui qui devra expliquer sa décision et ses conséquences.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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