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Les vacances tournent au cauchemar pour des centaines de touristes bloqués à l’aéroport de Madère – Libération

Depuis plus d’une semaine, des centaines de touristes sont bloqués à l’aéroport de l’île portugaise. En raison de violentes rafales de vent, les avions sont cloués au sol depuis dix jours. Certains passagers bloqués se plaignent du manque de prise en charge de leur compagnie aérienne.

Des matelas posés à même le sol, des halls d’aéroport bondés et des centaines de bagages entassés : depuis mercredi 14 août, des centaines de passagers, dont de nombreux Français, sont bloqués à l’aéroport de Madère, une île portugaise au large du Maroc. Des vents violents, qui balayent la piste à plus de 70 km/h, sont à l’origine de cette paralysie du trafic aérien. Une situation qui entraîne des annulations de vols et des coûts supplémentaires pour les touristes bloqués. Libération fait le point sur ce que nous savons de la situation.

Que se passe-t-il à l’aéroport de Madère ?

Depuis une semaine, les halls de l’aéroport international Cristiano Ronaldo de Madère, situé entre les montagnes et l’océan Atlantique, se sont transformés en hôtel de fortune. En effet, en raison de rafales de vent enregistrées à plus de 70 km/h sur l’île portugaise – et qui alimentent également de violents incendies ayant ravagé au moins 5 000 hectares de végétation en quelques jours –, le trafic aérien est paralysé.

Les annulations de vols se multiplient et des milliers de passagers se retrouvent sans possibilité de retour. Certains touristes ont donc installé leurs matelas sur le sol de l’aéroport, tandis que d’autres s’entassent sur les quelques sièges disponibles. Comme le rapporte Le Figaroun couple a même décidé de louer une voiture afin de dormir sur place, et ainsi limiter les frais exorbitants des hôtels, dont les tarifs pour une nuit peuvent atteindre jusqu’à 800 euros la nuit, et donc dépasser le tarif fixe fixé par les compagnies (100 euros la nuit pour Easyjet par exemple). De quoi donner des images dignes d’un chaos total.

Quelles solutions s’offrent aux touristes bloqués sur place ?

Dans la précipitation, les voyageurs s’organisent tant bien que mal avec leurs compagnies pour trouver un hébergement d’urgence, et organiser leur retour au plus vite. Or, en haute saison, de nombreux avions sont déjà pleins, ce qui allonge le délai pour obtenir un nouveau billet. Toutes les places disponibles sont alors prises d’assaut, ce qui repousse la date de départ.

Aussi, sur les réseaux sociaux, de nombreux touristes dénoncent l’attitude des compagnies faible coûtcomme EasyJet Ou Ryanairet notamment les conditions de remboursement. Certains passagers de Ryanair n’ont quasiment aucun contact avec la compagnie, rapporte BFMTV.

C’est aussi le cas pour Hugo Chereau, un Français de 26 ans arrivé à Madère le 7 août avec sa compagne, pour qui les quelques jours de vacances ont tourné au désastre. « puzzle », il explique à Libérer. Son vol de retour vers Paris Charles de Gaulle, initialement prévu le 17 août, a été annulé. Sa compagnie aérienne, Easyjetpuis lui a offert un « vol de remplacement gratuit » à compter du 28 août, « 11 jours après (son) départ initial. »

Une solution qui lui semble initialement viable, surtout lorsque l’entreprise faible coût lui dit qu’elle se chargera de le rembourser « tous les frais avancés » pendant ces 11 jours d’attente : hôtel, nourriture et taxis. Mais le lendemain, lorsque le jeune Français tente de rappeler Easyjet pour connaître les étapes à suivre, les informations sont complètement différentes. « On m’a indiqué qu’en raison des circonstances exceptionnelles, seuls les deux premiers jours sur place seront indemnisés, et non les onze comme initialement prévu. »

Un scénario sombre pour Hugo Chereau, qui a une « budget serré ». Il décide alors de choisir un autre vol, prévu plus tôt – vendredi 23 août – afin de limiter les dépenses malgré les coûts supplémentaires liés au changement de son vol. « Avec mes 6 jours bloqués là-bas, je vais quand même devoir débourser 2 000 euros, une somme qui n’était pas prévue dans le budget vacances », Comme il s’agit d’une annulation de la part de l’entreprise, et non de la sienne, l’assurance de sa carte bancaire ne fonctionne pas.

Près LibérerEasyJet dément ce revirement. La compagnie déclare « couvrir les frais d’hôtel au-delà de 2 jours. Les passagers peuvent demander une extension de la prise en charge jusqu’à la date de leur vol en contactant notre service client. »

S’agit-il d’une situation sans précédent ?

Ce n’est pas la première fois que cet endroit fait parler de lui : depuis son ouverture en 1964, cet aéroport est considéré comme l’un des plus dangereux au monde. Les pilotes doivent avoir suivi une formation spéciale et validée pour atterrir à Madère en raison de difficultés techniques, ainsi qu’un nombre minimum de vols à leur actif. Comme l’explique sur BFMTV l’ancien pilote de ligne Jean Serrat, chaque pilote atterrissant et décollant sur l’île « doit ensuite être entraîné à la piste, soit en situation réelle, soit sur simulateur, au moins une fois tous les 6 mois. »

Et ce vivier de pilotes formés dans cet aéroport complexe varie selon les compagnies aériennes. Ces autorisations spéciales feraient défaut, par exemple, dans Easyjetsouligne Jean Serrat, « parce que la compagnie n’a pas assez de pilotes formés pour ce terrain » proposer des vols réguliers.

Ce mardi, le gestionnaire de l’aéroport a finalement assuré que ses opérations avaient repris normalement, et que les vols, qui avaient été pris d’assaut, reprenaient progressivement leur rythme habituel.

Mise à jour : à 14h51 avec des informations complémentaires concernant la reprise des vols

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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