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les usagers de drogues très divisés sur les mesures gouvernementales contre le trafic de drogue

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Aujourd'hui en France, selon Marseille en Colère ! association, environ un million de personnes consomment des drogues chaque jour. Photo illustrative. (PABLO VERA/AFP)

En déplacement à Marseille, les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont manifesté leur volonté de renforcer les moyens policiers et judiciaires contre le trafic de drogue. Y compris le ciblage des consommateurs.

La lutte contre le trafic de drogue instaurée comme « cause nationale« . Les ministres de la Justice et de l’Intérieur, Didier Migaud et Bruno Retailleau, ont appelé vendredi 8 novembre à Marseille à « être solidaires« et agir »rapidement » dans la lutte contre le trafic de drogue. Les deux hommes ont dévoilé leur plan contre le crime organisé dans la ville de Marseille, théâtre d’une sanglante guerre de territoire entre gangs de trafiquants de drogue.

Le ministre de la Justice a ainsi réitéré son soutien à la création d’un «parquet national« , permettant de lutter contre la criminalité organisée au-delà des stupéfiants. Et pour les consommateurs, Didier Migaud appelle à un « électrochoc« . Une campagne de communication doit donc être lancée pour rappeler le lien entre drogue et violence, après plusieurs fusillades meurtrières liées au trafic de drogue.

Il n’en reste pas moins que ces consommateurs réguliers, rencontrés en région parisienne, sont partagés quant à l’efficacité d’une telle campagne. Par exemple, Axel, 16 ans, consomme régulièrement de l’ecstasy depuis deux ans, sans penser à régler ses comptes, avoue-t-il. « Je me dis toujours que c’est loin de moi, que ce n’est pas ma faute. Je suis dans un bon environnement, je ne vis pas ça tous les jours… je ne m’en rends pas compte. Je ne vois pas la douleur que cela provoque. »

Bérénice fume du cannabis de manière récréative. « Nous n’en sommes pas conscients et nous ne souhaitons pas être informés. Les gens ne font pas forcément le lien entre fumer un pétard et des gens mourir dans la rue.« , dit-elle. Adrien l’admet aussi : il le fait « abstraction« du trafic alors qu’il prend de la cocaïne tous les samedis dans une discothèque ».Je n’y pense pas honnêtement. On pense forcément à soi, c’est une forme d’égocentrisme. C’est vrai que je devrais arrêter… »

Victor, ancien dealer et consommateur, en a pris conscience récemment en regardant un reportage sur la guerre des gangs à Marseille. Il s’est alors senti coupable. « Vous vous demandez : est-ce que j’aide vraiment ce trafic ou suis-je juste le dernier maillon de la chaîne ? Moi, je suis un petit consommateur comme ça, c’est juste mon plaisir. Je suis inutile dans tous ces massacres« , avoue-t-il.

Avant de continuer : « Ça a marché pour moi d’avoir vu un reportage. C’est pour cela, en partie, que j’arrête de consommer. S’il y en a quelques-uns qui arrêtent, ce ne sera que bon pour leur santé et cela mènera à la fin du trafic de drogue. C’est une très bonne idée. »

Bérénice hoche la tête : elle n’est pas d’accord et accuse l’État de rejeter toute la faute sur l’acquéreur. « Ce n’est pas infantilisant, c’est violent. Se sentir coupable, c’est éduquer par la violence et la peur. Nous sommes blâmés et craints. On nous dit : « Regardez-vous, vous êtes de mauvaises personnes, vous tuez des gens ». Cela ne sert à rien d’éduquer les gens par la violence. S’il y a quelqu’un coincé là-dedans, lui faire regretter ses actes ne changera pas son point de vue.« , dénonce-t-elle.

Aujourd’hui en France, selon Marseille en Colère ! association, environ un million de personnes consomment des drogues chaque jour. En 2023, 49 décès liés au trafic de drogue ont été recensés à Marseille, dont sept mineurs, un record. La plupart de ces meurtres ont eu lieu dans le contexte d’une guerre entre la mafia DZ et les gangs Yoda pour le contrôle des points de vente de drogue. Depuis le début de l’année, 17 narchomicides ont été recensés dans la ville. Cette guerre des gangs implique des adolescents de plus en plus jeunes.

Si vous avez besoin d’aide, si vous êtes accro à une substance (tabac, alcool, médicaments ou drogues), il existe des services d’écoute anonyme. La ligne Médicament Info est joignable 7j/7 de 8h à 2h du matin au 0 800 23 13 13. Un chat individuel est également disponible de 14h à minuit du lundi au vendredi et de 14h à 20h le week-end. .

Cammile Bussière

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